L'Algérie aura à regretter d'avoir signé hâtivement l'accord d'association avec l'Union européenne, sans concertation ni consultation des opérateurs économiques nationaux qui sont concernés de près par le contenu de cet accord. A l'issue de la réunion du Conseil d'association au Luxembourg, mardi dernier, seule la révision du calendrier du démantèlement tarifaire a été retenue par la partie européenne, alors que toutes les questions relatives aux investissements directs étrangers et la libre circulation des biens et des personnes ainsi que les entraves que rencontrent les produits algérien pour pénétrer le marché européen, restent en suspens. Si parmi les questions soulevées par l'Algérie seule la révision du calendrier du démantèlement tarifaire a été retenue, c'est parce que la partie algérienne ne convainc pas, faute d'études et de bilans exhaustifs, pouvant déterminer avec des arguments solides que l'accord d'association a tourné en défaveur de l'Algérie. Selon les déclarations du gouvernement algérien, l'accord en question a été réduit à son seul aspect commercial, mais pour justifier ces griefs, lors de la réunion annuelle d'évaluation, "il fallait qu'une étude d'évaluation exhaustive soit faite, afin de permettre à l'Algérie, d'abattre sur la table des négociations, toutes les cartes pour espérer peser sur la révision de l'accord d'association", estime M. Yahia Hocine Amar, économiste et consultant, qui revient sur le calendrier du démantèlement tarifaire. En sa qualité de membre de la première délégation ayant négocié l'accord d'association, l'élaboration des listes de produits concernés par le démantèlement tarifaire progressif, a été bien ficelée pour servir les entreprises nationales. Car, d'après lui, sur les trois listes élaborées, la première concernait les matières premières et les semi-produits et la seconde liste touchait les biens d'équipement, qui a pour objet de réduire les coûts d'investissement. En outre, sur les autres questions soulevées par l'Algérie concernant les cinq années de mise en œuvre, M. Yahia Hocine Amar, qui s'est exprimé sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, estime la question des entraves rencontrées par les produits algériens pour entrer sur le marché européen, qui représente en effet un énorme marché à investir, sont d'ordre technico-commerciale, sans omettre l'insuffisance de la production nationale à dégager un surplus pour pouvoir exporter. Pour les entraves du technico-commercial, il s'agit en fait des exigences normatives de la communauté européenne aux produits algériens, qui visent la compétitivité des produits. Normes jugées dissuasives, par l'économiste et politologue, M. Salah Mouhoubi, qui insiste sur le volet de la coopération entre les deux partenaires de l'accord d'association. En effet, selon ce dernier, les autorités algériennes auraient dû attacher une grande importance, lors de la négociation de l'accord, à l'accompagnement de l'Algérie dans la mise à niveau structurelle de l'économie nationale pour que l'Algérie espère tirer profit d'un tel accord, à l'image de l'accord d'association signé par l'UE et le Maroc ou encore celui passé avec la Tunisie. "Ce n'est pas par hasard, si les principales délocalisations de la production française, vont directement vers le Maroc ou la Tunisie et non en Algérie. C'est parce que, eux, ont bénéficié d'un programme d'accompagnement de mise à niveau structurel", analyse M. Mouhoubi, estimant, toutefois, que les voisins maghrébins ont bien tiré profit de leurs accord d'association avec l'Europe. S'agissant de l'intégration de l'économie algérienne dans l'économie mondiale, l'orateur dira que l'accord d'association servira l'économie nationale à long terme, si on parvient à réviser les points qui n'arrangent pas notre économie. "Le marché européen, avec ses 500 millions d'habitants, est prometteur. Ça ne dépend que de nous pour s'adapter à cet accord, pour s'adapter au processus de mondialisation des économies mondiales", a-t-il conclu.