Il y a à peine une semaine, les cinéastes africains réunis au sein de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), avaient lancé un appel pour financer la production cinématographi-que par les Africains. Ce vendredi, c'était au tour de Mohamed Lakhdar Hamina, palme d'or à Cannes 1975 pour "Chronique des années de braises " de reprendre à son compte cette idée, mais à l'échelle des contrées arabes. Autrement dit, ce cinéaste algérien a appelé les pays arabes à créer les conditions favorables pour la mise en place d'un fonds commun de production et de coproduction cinématographique et télévisuelle. Cependant, le but de ce fonds arabe n'est pas le même que celui africain, où l'on envisage la création pure et simple de produits audiovisuels. Le fonds auquel appelle Lakhdar Hamina se présente comme un fonds combatif et engagé puisque dans son appel, il interpelle " la conscience arabe pour créer les conditions favorables à la mise en place d'un fonds commun de production et de coproduction cinématographique et télévisuelle pour faire face à la guerre des images", a déclaré le cinéaste algérien, lors de la cérémonie de remise du prix qui lui a été décerné dans la cadre de la manifestation "Doha 2010, capitale de la culture arabe". Pour ce réalisateur, "le monde subit une véritable guerre des images" et "les différents segments de la vie sont régis par cette bataille qui fait rage" remarque t-il. Il faut dire qu'au point où on en est, beaucoup de cinéastes africains et même arabes ambitionnaient à chaque rencontre, de créer ce genre d'initiative pour palier à la carence de la production audiovisuelle dans ces pays là. L'industrie du cinéma inexistante Ne Afrique Pas plus loin que l'an dernier et lors de la grande manifestation du festival panafricain, 120 réalisateurs africains s'étaient réunis à Alger autour d'un colloque sur la question. Tou les cinéastes présents étaient d'ailleurs d'accord sur le fait que l'industrie du cinéma n'existait nulle part en Afrique et que les films qui se font grâce à quelques initiatives " courageuses ", manquent d'attrait. " Quels modèles d'avenir pour le cinéma africain" : c'était la thématique générale de ce rendez-vous durant lequel il fallait penser à la manière la plus efficace pour que le continent ait son propre cinéma.Ce qu'il en ressortait surtout, c'est que les pays d'Afrique ont dans ce domaine là, les mêmes problèmes : fermeture en cascade des salles de cinéma, absence d'école de cinéma, absence d'aide, absence d'industrie cinématographique tout court. Cela est lié bien sûr aux décolonisations qu'ont connues la plupart des pays africains dont les gouvernants n'ont pas su préserver les outils de production mis en place par les colons (salles, boites de production, etc… " sans oublier les prêts du FMI dans les années 90 qui ont poussé la plupart de ces contrées à sacrifier cette industrie au détriment des autres.Voilà pour la mémoire. Maintenant et ce n'est pas la première fois, les cinéastes veulent une relance rapide de ce secteur qu'il voudront tout à fait africain donc identitaire, chose qui n'existe pas en Europe par exemple ; il n'y a pas de cinéma de l'UE, chaque pays à ses films et a c'est tout. Mais comment relancer ce cinéma : sans discours il faut de l'argent, beaucoup d'argent et beaucoup de volonté politique. Pour avoir son 7ème art, il ne faut pas seulement des films mais des outils solides de production et de diffusion pas seulement au niveau local mais international. Par ailleurs, Le pavillon "Les Cinémas du monde" lors de la 63 édition du Festival de Cannes, qui s'est tenue du 12 au 23 mai, a été l'occasion d'annoncer la naissance imminente du Fonds panafricain d'aide au cinéma. Il bénéficie de l'expertise de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et compte sur le soutien formel de l'Union africaine. Car ce fonds a pour ambition de donner l'impulsion nécessaire à la structuration de l'industrie cinématographique sur le continent africain.