L'œuvre de Mohamed Lakhdar Hamina, le cinéaste qui est rentré par la grande porte dans l'histoire du 7e art, continue d'intéresser les rendez- vous cinématographiques du monde. Premier africain et arabe a avoir raflé la Palme d'or au Festival de Cannes (1975), ce cinéaste n'a malheureusement rien tourné après, sauf une vague promesse du président Libyen, Maâmar El Kaddafi pour le tournage d'un film sur la révolution de son pays. Festival, journées cinématographiques et autres rendez-vous continuent à s'intéresser à la Palme d'or, Chronique des années de braise, et un hommage appuyé est régulièrement rendu à cet homme de l'image. Au Festival international du film du Caire, dont le rideau est tombé hier vendredi, le film- phare du cinéaste a été projeté en hors compétition avec une attention particulière du public. Auparavant, c'est le Cork Film Festival 2007 en Irlande, qui a rendu hommage en sa présence. Canal 75, une chaîne du câble desservant les cinq arrondissements de la ville de New York a proposé durant les mois de novembre et octobre, pas moins de cinq films algériens dont Chroniques des années de braise. Cette série de cinq films a auparavant été montrée en avril sous l'intitulé de Algeria Through Its Own Eyes (L'Algérie par ses propres yeux). En 2003, c'est lors du plus grand festival au monde, Cannes, que la version remastérisée du même film a été proposée. La 60e édition du Festival lui a rendu un nouvel hommage, lors d'une “ Journée Algérie ” (24 mai). En mars dernier, c'est l'Institut du Monde arabe à Paris qui proposait un cycle de projections en hommage au cinéaste. L'un des premiers films, Le vent des Aurès avait, en 1965, raflé le Prix de la Première œuvre à Cannes. Dans ce film, une mère erre de camp de détention en casernement de l'armée française à la recherche de son fils arrêté. Avec cette fiction qui emprunte son thème à la vie de son propre père, le cinéaste signait une œuvre au réalisme poignant, traversée par l'interprétation de Keltoum. Ce premier long métrage sera suivi de Hassen Terro, une comédie qui déplace les foules et fait la part belle à Rouiched dans le rôle d'un héros malgré lui. Il signera Décembre (1971) ensuite, et de retour en Algérie, où il est nommé directeur de l'Office pour le commerce et l'industrie cinématographiques (ONCIC, ex CAIC aujourd'hui dissout) en 1981, Mohamed Lakhdar-Hamina tourne Vent de sable, une ode dédiée aux femmes. Le film était en sélection officielle à Cannes. Avec La Dernière image enfin, qui est à ce jour son dernier long-métrage tourné en 1986, il revient à son histoire personnelle à travers l'arrivée d'une jeune institutrice française dans un village algérien, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Né en 1934 à M'Sila, le jeune Lakhdar-Hamina a poursuivi une scolarité remuante en Algérie et en France, avant d'être incorporé dans les rangs de l'armée française, de déserter et de gagner Tunis en 1958. Après un stage aux actualités tunisiennes, il poursuit l'année suivante à l'Institut du cinéma de Prague une formation dans la prise de vues. A son retour à Tunis, il rejoint le Service cinéma créé en juillet 1960 par le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) sous l'autorité de M'Hamed Yazid. Avec Djamel Chanderli, Mohammed Lakhdar-Hamina tournera encore La Voix du peuple (1961) et Les Fusils de la liberté (1961). A l'indépendance et outre plusieurs documentaires, il réalise en particulier Le Temps d'une image (1964), sa première fiction. De fin 1963 à 1974, il est directeur de l'Office des actualités algériennes (OAA) qui produit des actualités hebdomadaires et tous ses films de cette période.