A l'occasion du sommet du G8, qui se tient à Muskoka, au Canada, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait une intervention, vendredi, sur l'évaluation de la mise en œuvre des engagements du G8 et de l'Afrique, dans laquelle il met en évidence les engagements de l'Afrique, consignés dans les plateformes de l'Union africaine et du Nepad qui sont à même d'exercer un leadership effectif dans la prise en charge du destin du continent à travers l'appropriation par l'Afrique de son processus de développement dans toutes ses dimensions. Il s'agit, en premier lieu, de celle de la paix, de la sécurité et de la bonne gouvernance qui sont des conditions incontournables pour la viabilité de tout processus de développement. Il s'agit en outre de l'accent mis sur des domaines de concentration prioritaire des efforts et des ressources : stabilité macroéconomique, sécurité alimentaire, diversification économique, accès aux marchés, infrastructures, nouvelles technologies de l'information et de la communication, lutte contre les pandémies, développement humain et renforcement des capacités. "Et dans l'ensemble de ces domaines, l'intégration régionale et continentale est une préoccupation constante", a insisté le Président en considérant que l'Afrique est actuellement en mesure de présenter un bilan très honorable des résultats qu'elle a obtenus dans les différents domaines prioritaires. Pour étayer ses propos, le Président cite des exemples significatifs, à l'image de la création de la Force africaine, qui garantit la prévention et la gestion des conflits et des crises et le maintien de la paix sur le continent. Dans le domaine de la gouvernance, dit-il, la majorité des gouvernements en Afrique sont issus d'élections pluralistes et transparentes et l'Union africaine rejette fermement l'accès au pouvoir par des voies non constitutionnelles, en citant, également, le Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs, qui consacre la promotion de la culture de la bonne gouvernance grâce aux échanges entre chefs d'Etat et à l'implication la plus large de la société dans le processus d'auto-évaluation. "L'Afrique a adopté une série de conventions qui visent à la placer au niveau des standards universels en matière de démocratie, d'élections, des droits de l'Homme et de lutte contre la corruption. Il est indéniable que l'ensemble de ces efforts dénotent le sérieux de l'Afrique à faire face aux défis de la paix et de la sécurité, et de la bonne gouvernance", a-t-il ajouté. Dans le domaine économique, Bouteflika met en avant les perspectives positives du continent en matière d'investissement et sa contribution à la croissance de l'économie mondiale, qui sont davantage dues, selon lui, aux progrès réalisés en matière de gestion économique, notamment au temps de la crise économique mondiale. En outre, le président de la République a évoqué, dans le même sens, "la croissance retrouvée par le secteur agricole, qui devra s'accélérer à la faveur du programme intégré de développement agricole élaboré en coopération entre le Nepad, l'Union africaine et la FAO", a-t-il dit. Ceci, sans omettre de citer les progrès réalisés dans les domaines de la santé et de l'éducation. S'agissant de l'intégration régionale et continentale, le président de la République, a cité les institutions qui ont vu le jour à l'instar du Parlement panafricain, de la Banque africaine d'investissement et l'Université panafricaine et les projets d'infrastructures à vocation d'intégration à l'image de la route transsaharienne Alger-Lagos, qui est en voie d'achèvement. Il a signalé, également, les Communautés économiques régionales qui se renforcent et celles, comme la SADC et la CEDEAO, qui sont extrêmement dynamiques, a-t-il dit. Après un aperçu sur les acquis et les progrès de l'Afrique, le Président estime que l'Afrique aurait pu progresser encore plus vite dans certains domaines si elle avait reçu tout l'appui qu'elle attendait et qui lui avait été promis, en rendant, toutefois, hommage aux membres du G8, ayant atteint leurs engagements. "Nous souhaitons que les autres partenaires puissent également honorer rapidement leurs engagements", a-t-il appelé, en tirant au clair, les difficultés auxquelles butent l'Aide publique au développement de l'Afrique décidée lors des précédents sommets du G8 et la non-tenue des engagement des membres du G8 concernant l'augmentation de cette même Aide. "Nous estimons aujourd'hui que l'Aide publique au développement pour être efficace et atteindre effectivement les objectifs qui lui sont assignés, a besoin d'être repensée de manière à l'adapter aux priorités du Nepad qui s'inscrit dans le cadre du développement du continent", a-t-il suggéré. Dans le même ordre d'idées, M. Bouteflika relève que les autres questions fondamentales abordées par le Partenariat n'ont pas connu d'avancée notable, telles que l'expansion des exportations africaines, l'accès aux marchés des pays développés et les investissements directs étrangers des pays du G8, qui sont toujours dans l'impasse. Partant du constat selon lequel l'Afrique est marginalisée dans la conduite des affaires du monde, le Président tient à réaffirmer l'appel des pays africains à un élargissement du G20 qui prenne en compte les ambitions légitimes de l'Afrique afin de participer pleinement à tous les processus de concertation, de négociation et de prise de décision. Paix et sécurité Le président de la République a également fait une longue intervention sur le thème paix et sécurité, avec un accent particulier sur les différentes formes de criminalité transnationale. En ce qui concerne les problèmes de paix et de sécurité, si des zones de conflit et de tension ont connu des progrès notables dans la voie de règlement, et qu'il s'agit au demeurant de consolider, "la situation dans d'autres régions continue de nous interpeller dans la mesure où les processus engagés n'ont pas encore apporté les résultats escomptés, notamment en Somalie et au Darfour, malgré les efforts fournis par l'Union africaine et qui nécessitent un soutien substantiel de la communauté internationale", a-t-il rappelé en revenant sur le phénomène du terrorisme et ses connexions de plus en plus fortes avec le crime transnational organisé, le trafic de drogues, d'armes et la prise d'otages. Selon lui, ces nouvelles menaces, conjuguées à la persistance des conflits, constituent aujourd'hui un véritable défi pour la communauté internationale. "La région du Sahel, devenue zone de repli des groupes terroristes, présente aujourd'hui de réelles menaces et d'importants facteurs de risque. Elle peut, à terme, devenir un espace propice pour l'expansion du terrorisme vers d'autres régions du continent et du monde", a-t-il mis en garde en louant l'initiative entreprise par les pays de la région sahélo-saharienne, dans le cadre de la coopération régionale pour l'adoption de mesures concrètes de lutte antiterroriste. S'agissant de la question spécifique du paiement de rançons aux groupes terroristes preneurs d'otages, le Président a salué, à cette occasion, l'importante avancée normative réalisée dans ce domaine par l'Union africaine, en adoptant la décision condamnant le versement de rançons aux groupes terroristes. En outre, le Président revient sur les réseaux de la criminalité organisée dont l'Afrique est victime et qui représente une menace d'autant plus redoutable que ces réseaux ont noué des liens étroits avec les organisations terroristes. Partant de ce constat, le Président insiste sur la nécessité d'adopter des mesures efficaces et audacieuses pour les combattre. "Toute action à la mesure de ce défi suppose, d'abord, une étroite coopération régionale et internationale. La communauté internationale et le G8 en particulier ont un rôle essentiel à jouer pour appuyer la mise en œuvre des actions arrêtées aussi bien au plan national qu'au plan régional", a-t-il préconisé, ajoutant que la lutte implacable qui doit être livrée pour s'affranchir de ces menaces est menée, naturellement, en Afrique, dans le strict respect du droit international. "Le partenariat entre les pays du G8 et l'Afrique pour combattre ces trafics et consolider la paix et la sécurité internationales doit être renforcé. Nos partenaires se doivent d'assumer la part de responsabilité qui leur revient dans la lutte contre ces phénomènes transnationaux, à travers le soutien des efforts des pays africains pour y faire face, en vue de renforcer la stabilité, instaurer la paix et créer les meilleures conditions du développement durable", a-t-il conclu.