Le port de Marseille est devenu la tête de pont des expéditions de matériels ferroviaires à destination du Maghreb. Sur les quais du port de Marseille, il n'est pas rare de voir alignées des rames de tramway flambant neuves, parées à l'embarquement. Alger, Casa ou Tunis ? L'équipement des pays du Maghreb dans ce mode de transport collectif est une aubaine pour les entreprises françaises. Constructeurs, transporteurs et exploitants, tout le monde s'y retrouve. À commencer par le fabricant français Alstom, qui sort des rames Citadis à la chaîne depuis son usine de La Rochelle. La compagnie CMA CGM tire également son épingle du jeu, comme le rappelle Franck Looten, responsable commercial des lignes Ro-Ro sur l'Afrique du Nord : "Nous sommes les spécialistes des convois exceptionnels et notamment des matériels ferroviaires grâce à un outil naval adapté". Le 9 juin 2010, Franck Looten était sur les quais, au poste 50 du terminal roulier sud de Marseille, pour superviser l'embarquement de deux rames du futur tramway qui reliera Rabat à Salé au Maroc, deux villes distantes d'une vingtaine de kilomètres. "Le contrat a débuté en avril 2010 et porte sur l'expédition de 44 rames Citadis 302. Elles sont transportées sur des remorques surbaissées spécialement conçues pour le transport de matériels ferroviaire. Les convois mesurent 40 m de long pour un poids total de 88 t. Nous réalisons en moyenne une expédition toutes les trois semaines", explique le responsable commercial. L'organisation du transport dans son ensemble a été confiée à TPI (Transport Paris International). "Nous gérons ce transport de bout en bout, depuis la sortie d'usine à La Rochelle jusqu'à Salé. Les rames sont transportées par voie routière puis embarquent sur le navire de la Comanav et nous assurons, à l'arrivée, les formalités douanières d'importation", expliquent Christine Vinant et Maria Pena, respectivement responsables commerciale et d'exploitation des projets ferroviaires chez TPI. Le transitaire a notamment expédié le métro de Caracas, le tram de Jérusalem et a achevé cette année l'expédition du métro d'Istanbul au départ d'Anvers. Les rames du tramway de Rabat ont été embarquées sur l'Aknoul, roulier de la Comanav (groupe CMA CGM) datant de 1973 qui relie deux fois par semaine Casablanca aux côtés de l'Aegean-Fantasy, roulier affrété par CMA CGM. Les premiers essais devraient avoir lieu au troisième trimestre pour une mise en service en fin 2010. L'exploitation de ce tramway a été confiée à la société française Transdev au terme d'un contrat de 73 millions d'euros. Simultanément, CMA CGM prévoit, mi-juin, de nouvelles expéditions du tramway d'Alger. Un contrat démarré en mai 2009 mais qui prend du retard. L'armement français assure également, depuis 2007, le transport maritime de l'autorail de Tunis. Quatre expéditions de ces autorails sont encore prévues. Le groupe maritime CMA CGM, basé à Marseille, augmente ses taux de fret entre l'Asie et les pays d'Afrique du Nord. Cette hausse s'appliquera à toutes les marchandises acheminées par CMA CGM vers l'Algérie, le Maroc, la Libye et la Tunisie, selon la même source. L'augmentation, qui prendra effet le 15 janvier, sera de 250 dollars par EVP (Equivalent Vingt Pieds, taille standard du conteneur). Le volume des importations des pays d'Afrique du Nord est en croissance constante à partir de l'Asie. Le groupe CMA CGM a récemment fait l'objet de mesures de restructuration de sa dette et de renforcement de son capital au terme de longues négociations entre la direction de l'armateur et les banques créancières. Lourdement endetté, le grand armateur français va recevoir 350 millions d'euros de ses nombreuses banques créancières. Il accueille de nouveaux dirigeants et administrateurs. Ainsi, aprés consentement mutuel, le comité des créanciers et la direction de l'armateur, les banques ont finalement accepté d'accorder une ligne de crédit de 500 millions de dollars (347 millions d'euros). Cette ligne de trésorerie, qui va permettre à CMA-CGM de faire face à ses engagements financiers de fin d'année, était indispensable avant que se poursuive la restructuration de ce groupe, qui emploie 16 500 personnes dans le monde et dont la dette est estimée à 5,6 milliards de dollars. En contrepartie, les créanciers ont obtenu ce qu'ils souhaitaient depuis longtemps : une évolution de la gouvernance du groupe familial. Dès le 26 décembre, un conseil d'administration remplacera l'actuelle structure "conseil de surveillance-directoire". Jacques Saadé, fondateur du groupe, prendra la présidence de ce conseil tandis que Philippe Soulié, actuel président de la CNIM (Constructions industrielles de la Méditerranée) sera nommé directeur général. Il sera entouré de trois directeurs généraux adjoints : Rodolphe Saadé, Farid Salem et Jean-Yves Schapiro. Denis Ranque, ancien patron de Thales et un moment pressenti au poste de directeur général, entrera au conseil d'administration. CMA CGM dispose d'une flotte de 360 navires et emploie 17.000 personnes dans le monde, dont 4.400 en France. C'est le 3ème groupe de transport maritime au niveau mondial.