Ça doit être lourd de porter le nom du légendaire Issiakhem quand on ambitionne de devenir peintre. Mais le neveu Aghilles du très réputé Mohamed, ne semble pas avoir peur des ombres. Il expose en pleine lumière et pour presque la première fois à la galerie de Didouche Mourad sur initiative de l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger. Cette première sortie plastique inaugurée lundi dernier se poursuivra jusqu'au 08 juillet prochain. A peine 20 berges, Aghilles Issiakhem qui slalome entre son institut des arts graphiques de Bir Mourad Rais (INSIAR) et son réduit d'atelier, rêve de faire les Beaux Arts comme l'a fait un quart de siècle auparavant son oncle Mohamed. Les quelques produits que ce néophyte peintre propose sentent fort le croquis, on a même l'impression que c'est des ébauches qui sont appelées soit à être détruites ou alors améliorées au gré de la réflexion, et surtout d'une inspiration pas toujours évidente chez les artistes. Sa matière, c'est les grosses feuilles immaculées et un crayon. Dérisoire comme matériaux mais aussi nécessaires quand on débute comme si l'on était dans un cours de dessin au collège. "Je me cherche toujours, je n'ai pas encore trouvé mon chemin artistique, alors je peins et je dessine d'après l'inspiration du moment" avoue cet artiste en herbe en toute modestie. Aghilles Issiakhem ne s'en tient pas qu'au crayon d'écolier, il ose. Nous le voyons d'ailleurs clairement à travers l'utilisation d'un autre matériau comme l'huile ou encore la toile, des matériau pas toujours faciles à manier lorsqu'on est néophyte dans la chose plastique. Cette exposition regroupe une cinquantaine d'œuvres dont plus d'une quarantaine réalisées dans le style surréaliste autour des thèmes de l'être humain, son rapport avec l'autre et sa relation avec l'environnement. Mais ce qui est frappant, c'est que les petits dessins d'Aghilles ressemblent de façon systématique aux illustres symboles que l'on retrouve dans la plupart des œuvres de son oncle Issiakhem. Influence ou simple envie d'imiter un Mohamed exigeant qui s'est fait non seulement un nom dans les années 60 mais aussi un style propre, un lieu inspiré toujours des motifs berbères et autres signes africains ? Aghilles lève le voile sur ce mystère : “au début je ne connaissais aucune œuvre de mon oncle et pourtant les gens me disaient combien mes tableaux ressemblaient à ceux de mon oncle" avoue-t-il simplement. Mais peut-on réellement ambitionner de devenir peintre quand on s'appelle Issiakhem et de passer outre la curiosité de savoir ce que nos plasticiens qu'ils soient parents ou pas ont façonné pendant ce siècle ? le talent certes ne s'apprend pas, mais l'artiste a besoin de maîtriser la technique d'innover en outrepassant s'il est un génie les réalisations qui l'ont précédé. Une œuvre ne nait jamais de rien. Elle est l'aboutissement d'un travail, presque une synthèse de tout ce qu'a eu son concepteur à voir au cours de sa vie et surtout, une idée que l'on se fait de la vie en général et de l'art en particulier. Cette idée là, elle s'acquiert par la réflexion qui n'est jamais statique, car rien n'est immuable. Le jeune peintre a commencé très tôt, à peine sept ans à gribouiller sur des feuilles volantes. Cette passion pour le dessin, c'est son père, le frère de Mohamed qui la lui a inculquée en l'encourageant par des achats frénétiques de tubes de peinture. Il lui offrit aussi un semblant d'atelier : le garage parental. Son tout premier travail, il l'a montré dans un collège d'enseignement moyen (CEM) a Azzefoun, le village natal des Issiakhem. Son deuxième, à l'institut INSIAR. Aghilles a tout l'air de marcher sur les pas de son oncle, et qui sait, peut être qu'il le surpassera car Azeffoun a toujours enfanté des artistes. Rebouh H.