L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a demandé, lundi, aux Etats-Unis de reconsidérer leur demande d'un moratoire sur les forages pétroliers en haute mer. "Nous ne devrions pas vraiment interdire (les forages en mer) et il ne faut pas arriver à des conclusions, sans étude sérieuse", a affirmé le secrétaire général de l'Opep, Abdallah al-Badri à l'issue d'une réunion à Bruxelles avec la Commission européenne. Il a assuré que l'industrie pétrolière avait revu ses méthodes d'exploitation après l'explosion survenue le 20 avril sur une plateforme de BP dans le Golfe du Mexique. "Nous espérons que les Etats-Unis vont reconsidérer leur décision", a dit M. al-Badri. Il faut dire que le désastre causé par le forage pétrolier de BP dans le golfe du Mexique a dominé la réunion ministérielle tenue lundi à Bruxelles par l'Union europénne et l'Opep. Lors de la réunion, le commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger, et des représentants de l'Opep ont exprimé leur vive préoccupation à l'égard du désastre, mais M. Oettinger et le secrétaire général de l'Opep, Salem El-Badri, ont estimé qu'il faudra du temps avant de prendre des mesures politiques. "De bonnes réponses ont besoin de temps", a-t-il déclaré à l'issue de la réunion. M. Oettinger a néanmoins admis que les techniques de plus en plus avancées poussaient les entreprises aux limites de la technologie, ce qui pose des questions "graves et urgentes". "Il doit y avoir un système de réglementation afin que nos citoyens n'aient pas une perception négative de l'impact de l'industrie offshore", a-t-il indiqué. BP a dépensé au total 2,35 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros) en lien avec la marée noire (efforts pour contenir le pétrole, forage de puits de secours, aides aux Etats...) depuis l'explosion de sa plateforme Deepwater Horizon. Pour autant, cette gigantesque nappe de pétrole, après avoir souillé les côtes de Louisiane, du Mississipi et d'Alabama, menace maintenant la Floride, une des plus importantes destinations touristiques de la planète avec 80 millions de visiteurs par an. Le président américain Barack Obama a ordonné fin mai l'établissement d'un moratoire sur les forages en eaux profondes afin de prévenir de nouvelles catastrophes. Un juge fédéral a néanmoins annulé cette décision. Trente-deux compagnies pétrolières avaient saisi la justice contre ce moratoire de six mois. La pollution a jusqu'à présent souillé plus de 200 km de côtes et fortement perturbé l'industrie de la pêche et le tourisme, deux poumons économiques de la région avec le forage en mer. Mais au-delà de la problématique environnementale que cette marée noire a réveillée, celle-ci pourrait amputer la production mondiale de pétrole de 900 000 barils par jour (b/j) par rapport au niveau qu'elle aurait dû atteindre en 2015. Si l'on en croit le directeur général de l'Agence internationale de l'Energie, Nobuo Tanaka, la marée noire dans le golfe du Mexique pourrait nettement diminuer la production mondiale de pétrole. Une situation de nature à faire grimper le cours. Selon l'AIE, les conséquences du naufrage de la plate-forme de BP en Louisiane pourrait amputer la production mondiale de pétrole de 900.000 barils par jour (b/j) par rapport au niveau qu'elle aurait dû atteindre en 2015. Début juin, l'AIE estimait dans un rapport que les mesures prises par le Président américain pourrait, s'il est prolongé, retirer jusqu'à 100.000 à 300.000 b/j de la prévision de production de brut américain dans le golfe du Mexique d'ici 2015. Mais désormais, les chiffres sont revus à la hausse, d'autres pays pouvant emboîter le pas au chef de l'Etat américain. "Si d'autres pays tels que l'Angola, le Brésil et la Mer du Nord suspendent les nouveaux projets de développement en mer (...), l'impact sur la production mondiale de pétrole pourrait être de 800.000 à 900.000 b/j en 2015", a ainsi déclaré M. Tanaka,. Même si ce déclin de production ne représenterait que 1% de l'offre mondiale, il ne "peut être ignoré", a-t-il ajouté. Une déclaration qui pourrait faire grimper le cours qui peine actuellement à progresser. Pourrait s'ajouter à cela un impact potentiel supplémentaire de 550.000 b/j du fait de risques sur la production du Brésil, de l'Angola et du Nigeria.