Les contrats à terme sur le pétrole brut se replient fortement, hier, à l'instar des marchés d'actions. La conjoncture économique continue de préoccuper les investisseurs, alors que les craintes liées à l'impact d'une tempête tropicale dans le golfe du Mexique se dissipent. Les cours pétroliers ont profité vendredi de rachats de coverture avant le week-end, alors que la tempête Alex se dirigeait vers le golfe du Mexique. La prime liée à la tempête a commencé à s'émousser lundi lorsque cette dernière a viré vers le continent, ne provoquant que des perturbations mineures de l'approvision en pétrole. Les prévisionnistes s'attendent à ce qu'Alex se transforme en ouragan, qui devrait frapper la frontière séparant le Texas et le Mexique. "Jusqu'à présent, seules trois plateformes d'une capacité quotidienne nettement supérieure à 220.000 barils ont été temporairement mises hors service", indique Eugen Weinberg, directeur de la recherche sur les matières premières chez Commerzbank. La baisse des cours mardi coïncide avec un fort repli des marchés d'actions asiatiques, sur fond de craintes d'affaiblissement de la croissance économique chinoise. Ces mêmes préoccupations ont entraîné une baisse des marchés d'actions européens et une appréciation du dollar. Après avoir perdu dans la matinée près de 2 dollars le baril, les cours pétroliers se sont quelque peu redressés grâce à l'annonce d'une légère amélioration du climat des affaires et de la confiance des ménages dans la zone euro au mois de juin. A 12h56, le contrat d'août sur le Brent coté à l'ICE de Londres perdait 1,47 dollar, à 76,12 dollars le baril, tandis que celui sur le brut du New York Mercantile Exchange se repliait de 1,54 dollar, à 76,71 dollars le baril. "La chute de 4,3% de la Bourse de Shanghai a un effet énorme sur le dollar et les prix du pétrole, qui sont déjà en baisse de 1,50 par rapport à la clôture d'hier soir (lundi)", commentait Philip Wiper, analyste de la maison de courtage PVM. La Bourse de Shanghai a fini en baisse de 4,27% mardi, après la révision à la baisse de l'indice composite du Conference Board pour la Chine, à 0,3% en avril, contre une première estimation de 1,7%. Autre inquiétude pour l'économie chinoise, l'Agricultural Bank (AgBank), qui doit s'introduire en Bourse, a fixé un prix d'introduction à Shanghai plus bas que prévu, selon des courtiers. Alors que la Chine devrait concentrer les deux tiers de la croissance de la demande énergétique dans la décennie à venir, tout signe de ralentissement de la locomotive chinoise peut être synonyme d'une plus faible reprise de la demande d'or noir. De mauvais indicateurs japonais pesaient également sur le moral des investisseurs : la production industrielle et la consommation des ménages ont fléchi en mai au Japon où le chômage a augmenté, laissant penser que la reprise économique de l'archipel pourrait ralentir à cause de la morosité de la demande mondiale et notamment chinoise. Dans ce contexte, l'inquiétude suscitée par la tempête tropicale Alex passait au second plan, d'autant qu'elle semblait partie pour épargner l'essentiel des installations pétrolières du golfe du Mexique. "Même si la tempête se renforce (mardi), il semble que sa trajectoire l'emmènera au sud de la zone où se trouvent l'essentiel des plate-forme", notait David Hart, analyste chez Westhouse Securities. "Alex est bien moins au nord qu'on ne l'avait craint, et même si des ports pétroliers mexicains ont été temporairement affectés, l'impact sur la production est minime", abonde Philip Wiper, analyste de la maison de courtage PVM. Par précaution les groupes Shell et ExxonMobil ont toutefois indiqué avoir ramené à terre une partie de leur personnel lundi. Shell a rappelé environ 200 personnes travaillant sur ses puits de pétrole et de gaz naturel dans l'ouest du golfe, selon un communiqué publié sur son site internet. En comptant les évacuations des derniers jours, quelque 700 personnes au total sont revenues sur les côtes, et 835 personnes restent au large. Le groupe américain ExxonMobil a de son côté indiqué avoir "débuté l'évacuation de (son) personnel non-essentiel de ses sites off-shore situés sur la trajectoire prévue de la dépression".