"La surcapacité est actuellement un problème, spécialement pour les constructeurs européens", a déclaré lundi Tobias Mock, responsable automobile pour l'Europe de l'agence de notation Standard and Poor's lors d'une conférence de l'agence sur le secteur. Standard and Poors considère ainsi que malgré l'amélioration du marché, "la qualité de crédit reste à risque" pour les constructeurs. M. Mock s'est dit "tout à fait sûr que 2010 marquera une légère amélioration" du marché automobile, mais avec un repli en Europe, lié à la fin des primes à la casse, tandis que les Etats-Unis et l'Asie seront en hausse. Il a rappelé que "beaucoup de constructeurs ont encore besoin de l'Europe", estimant que "la Chine ne sera pas la réponse à tout". Il a également pointé "la concurrence toujours très vive" qui pèse sur les prix, surtout pour les constructeurs généralistes. Ces facteurs s'ajoutent à une "rentabilité faible et très volatile" des conctructeurs, a-t-il dit, justifiant le jugement de l'agence de notation. S&P table sur une baisse des ventes de véhicules de 9 à 10% en Europe en 2010, liée à la fin des primes à la casse. Pour les Etats-Unis, l'agence prévoit en 2010 une hausse de 12,5% des ventes de véhicules légers à 11,7 millions contre 10,4 millions en 2009. Pour 2011, S&P table sur 13,4 millions d'unités. Pour Barbara Castellano, analyste automobile Europe de S&P, "la rentabilité est la grande question pour les constructeurs en Europe". Mais elle souligne que la production devrait être en hausse en Europe, malgré la baisse attendue des ventes, que les plans de restructuration "devraient produire des résultats" et que la baisse de l'euro devrait favoriser les constructeurs européens. "La diversification, en termes géographiques et de produits" restera "un important moteur pour le futur", a-t-elle ajouté. Notons que l'UE a proposé une stratégie pour des véhicules propres proposée afin de renforcer la durabilité et la compétitivité mondiale de l'industrie automobile européenne, tout en augmentant les options de mobilité durable pour les citoyens et en répondant à la demande grandissante de voitures plus respectueuses de l'environnement. Avec 15 constructeurs présents à l'échelle internationale, le secteur automobile européen emploie plus de 12 millions d'Européens, directement ou indirectement. Le secteur automobile contribue à l'économie de l'UE à hauteur d'environ 140 milliards d'euros de valeur ajoutée et est l'un des principaux exportateurs européens, avec une balance commerciale annuelle de près de 70 milliards d'euros. En outre, il représente le plus grand investisseur privé en recherche et développement (R&D) en Europe. En 2007, l'UE atteignait une production annuelle de quelque 20 millions de véhicules, soit près d'un quart de la production mondiale, selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). Pourtant, le secteur est actuellement en crise. En 2009, la production européenne totale de véhicules a chuté de 17,3% par rapport à 2008 et de 23% par rapport à la période d'avant-crise en 2007, pour atteindre 15,2 millions au total. Dans ce contexte plutôt décourageant, un segment du marché de l'automobile parvient à maintenir une croissance stable: les véhicules à faibles émissions. La demande de voitures émettant moins de 120 g de CO2 par kilomètre a connu l'augmentation la plus forte jamais enregistrée, 1,2 million, pour atteindre 3,2 millions d'unités en 2009. La part de marché de ce segment atteint à présent 25%. Cette augmentation reflète la préférence grandissante des consommateurs européens pour les véhicules plus respectueux de l'environnement et économes en énergie, à la fois pour des raisons écologiques et économiques. Il s'agit d'une évolution encourageante. En effet, en dépit des avantages d'une plus grande mobilité, les voitures européennes génèrent 12% de l'empreinte carbonique totale de l'UE. De plus, même si l'Union est parvenue à réduire ses émissions totales de gaz à effet de serre de près de 5% entre 1990 et 2004, les émissions de CO2 du transport routier ont augmenté de 26%. Ces dernières années, l'UE a mis en œuvre plusieurs initiatives pour promouvoir une conduite plus écologique. Depuis 1995, elle encourage les constructeurs automobiles à développer des véhicules plus économes en carburant, tels que les voitures hybrides. L'amélioration des transports publics est une autre priorité, de même que le vélo et la marche, afin d'inciter les gens à laisser leur voiture chez eux. En mars 2007, les dirigeants européens ont adopté l'ambitieux paquet "De l'énergie pour un monde en mutation", dans lequel les États membres s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 20 % d'ici 2020. Il fixe également l'objectif global contraignant de porter à 20 % la part d'énergies renouvelables dans la palette énergétique de l'UE.