La société nationale de l'électricité et du gaz, Sonelgaz, a oeuvré à répondre aux besoins des populations dans plusieurs zones de la wilaya de Tlemcen et a mobilisé d'importants moyens humains et matériels. Néanmoins, de nombreux citoyens, surtout ceux des quartiers populaires et des zones rurales, ne peuvent profiter des avantages du gaz de ville, se disant "incapables" de faire face aux frais "élevés" des travaux de branchement interne. Ces habitants, qui se plaignaient auparavant de l'absence de gaz de ville et sollicitaient un raccordement, montrent aujourd'hui une réticence et ne semblent pas motivés pour payer la quote-part qui leur permet d'être branchés au réseau de distribution, a estimé responsable de la communication de Sonelgaz à Tlemcen. Ainsi, selon elle, dans la daïra de Ouled Mimoun où un montant de 539 millions de DA a été alloué à l'extension du réseau de distribution sur une longueur d'environ 65 kilomètres, seulement 1.431 foyers sur un total de 4.007 demandes ont été raccordés au réseau de gaz. Le reste de la population continue à utiliser les bouteilles de gaz butane, en dépit des coûts et des difficultés d'approvisionnement que cet usage engendre. Dans la daïra côtière de Honaine, la Sonelgaz a consacré 381 millions DA pour la réalisation du réseau de gaz sur une longueur d'environ 23 km et de 1.207 branchements programmés. Cependant, seuls 241 abonnés ont versé leur contribution et profitent aujourd'hui du gaz naturel, a-t-elle déploré. La même situation est enregistrée dans la commune de Ain Fezza où le raccordement effectif a touché 237 foyers sur un total de 592 foyers, pour un coût de près de 426 millions de DA, tout comme la commune de Sidi Abdelli, où environ 207 millions de DA ont été consommés et seulement 814 foyers sur 1.482 programmés ont été raccordés. Ces actions s'inscrivent dans le cadre du programme concernant les cités et lotissements sociaux destiné à réduire les coûts de raccordement au profit de la population en lui offrant la possibilité de paiement par facilités, a précisé la même responsable. Elle a également affirmé qu'un encadrement technico-commercial a sillonné les cités et villages pour sensibiliser les personnes concernées et leur fournir toutes les facilités nécessaires et des conseils, mais la demande demeure encore faible, ce qui représente, selon elle, une perte pour l'entreprise. Selon El Hadj Nacer Belhadjar, représentant des habitants de la cité Mansour, la faiblesse du pouvoir d'achat explique la réticence de la population au moment où les coûts de raccordement au réseau de gaz "connaissent une hausse". Un fonctionnaire de Ain Fezza a déploré le fait que la cuisine et la salle de bain sont situés au fond de sa maison familiale, ce qui exige "des dépenses coûteuses" pour les branchements. La même situation est rencontrée par de nombreux habitants de ce village qui ont évalué les dépenses des travaux de raccordement interne à 50.000 DA. Pour certains d'entre eux, "le gaz de ville est devenu un luxe". Un autre citoyen, Houari, de hai Ennour à Mansourah, rappelle "l'enthousiasme" qui animait les habitants lors des travaux de raccordement dans leur quartier, mais, aujourd'hui, nombreux sont dissuadés par les coûts "excessifs" des travaux de branchement. Le taux de couverture en gaz dans la wilaya de Tlemcen atteignait, à la fin de l'année dernière, environ 62% contre plus de 30% en 1999, selon le directeur des mines et de l'industrie. Cette "importante" couverture a été réalisée à la faveur des programmes de développement divers ayant mobilisé un montant total de plus 6 milliards de DA ce qui a permis, ces dix dernières années, de raccorder 46.234 maisons à un réseau d'une longueur de 870 kilomètres, a-t-il relevé. Pour l'année 2010, il est prévu le raccordement de plus de 30.700 foyers à travers différentes zones urbaines et rurales de la wilaya. Le taux de couverture devrait atteindre la fin de l'année en cours 67 %, a-t-il ajouté. Le directeur de l'énergie au ministère de l'Energie et des mines, M.Abdelkader El Mekki El Mebarek, avait annoncé en mars dernier à Oran l'installation d'un groupe de travail sur le raccordement et la distribution publique du gaz naturel. Ce groupe est chargé d'étudier la situation des opérations de raccordement public de gaz naturel en divers points du pays et de s'enquérir des problèmes qui entravent leur réussite, avait-il fait savoir. L'étude portera sur la recherche des raisons derrière la réticence des citoyens des agglomérations qui ont bénéficié de programmes de distribution publique de gaz naturel à raccorder leurs foyers à ces réseaux de gaz de ville. Ce groupe de travail, constitué de représentants des ministères de l'Energie et des mines, des Finances, et de l'Habitat et de l'urbanisme, tentera ainsi de cerner l'ampleur de ce phénomène et de trouver des solutions appropriées aux problèmes qui entravent les actions d'approvisionnement en gaz de ville destinées à faire bénéficier plus de 200.000 foyers par an de cette énergie.