Dans le dossier des OGM, la Commission européenne a choisi une nouvelle stratégie pour faire passer les autorisations de culture OGM. La proposition que fera Bruxelles aujourd'hui , vise à rendre aux Etats la liberté d'interdire chez eux les cultures d'OGM, même si ces cultures font l'objet d'un feu vert européen. Les Etats n'auraient plus à activer la complexe procédure de "clause de sauvegarde" pour faire valoir cette interdiction. La proposition de Bruxelles consiste à laisser les mains libres aux Etats en matière de culture OGM, une fois les autorisations données au niveau européen. Une politique qui n'est pas du goût de tout le monde. "Nous souhaitons que les décisions continuent à être prises au niveau communautaire" plaide le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire. En échange, la Commission leur demande de cesser de bloquer les autorisations de mises en culture réclamées par les multinationales. Quatre maïs transgéniques sont en attente, dont l'emblématique MON810 de Monsanto, cultivé dans cinq pays européens, mais frappé d'interdiction depuis 2009 dans six autres. La Commission se dit prête à s'engager à ne plus attaquer les six gouvernements, dont la France, qui ont interdit la culture du MON810. Elle espère que cette offre "va conduire ces Etats à changer leur approche lors de l'examen des demandes d'autorisation de culture et de commercialisation". "Nous voulons que les conditions d'autorisation soient musclées" Mais les premières réactions des Etats ne sont pas très engageantes. Cette nouvelle politique, qui reviendrait peu ou prou à laisser chaque pays faire ce qui lui plaît en matière de cultures OGM, n'est pas du goût de nombreux pays européens et de plusieurs ONG. L'Europe, contrairement aux Etats-Unis ou au Brésil, reste très réticente à voir se développer les plantes génétiquement modifiées sur ses terres. e ministre français de l'Agriculture a réitéré les fortes réserves de son pays à l'égard de propositions que doit présenter mardi la Commission européenne en vue de débloquer les autorisations de cultures de plantes génétiquement modifiées dans l'UE. "Nous souhaitons que les décisions continuent à être prises au niveau communautaire (de l'Union européenne, ndlr), nous ne souhaitons pas de renationalisation de ces décisions", a déclaré lundi à la presse Bruno Le Maire en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. "Tout ce qui va dans le sens de la renationalisation sur les questions agricoles va dans le mauvais sens. Tout ce qui va dans le sens de plus de solidarité, de plus de travail en commun, d'imagination d'innovation et d'audace va dans le bon sens", a-t-il ajouté. Les surfaces consacrées au maïs MON 810 de l'américain Monsanto, seul produit autorisé à ce jour à la culture dans l'UE, sont passées de 106.737 hectares en 2008 à 94.749 ha en 2009. Il est cultivé dans 5 pays européens, mais frappé d'interdit depuis 2009 dans 6 autres.