La Banque africaine de développement (Bad) présenté, jeudi à Dakar, sa stratégie de renforcement des capacités au profit des pays africains. L'objectif est d'assurer le renforcement des capacités des services publics et de donner une meilleure orientation aux opérations de la Bad. La Bad s'est engagée à doter l'Afrique d'une stratégie de renforcement des capacités fondée sur l'expertise de l'institution et suivant une approche intégrée. La réunion de deux jours (hier et aujourd'hui), qui y est consacrée, permet de la partager avec près d'une centaine de représentants de 20 pays. D'ailleurs, le représentant résident de la Banque africaine de développement, Mohamed H'midouche qui a plaidé pour une nouvelle approche dans ce domaine, estimant que les stratégies de "renforcement des capacités" mises en œuvre dans les pays africains ont été jusqu'à présent "peu efficaces" avec des "résultats limités. Malgré une prise de conscience de la centralité des capacités, les approches successives pour les améliorer ont donné des résultats limités dans les pays africains", a affirmé M. H'midouche, qui intervenait lors d'un séminaire de la Bad sur sa stratégie d'intervention en matière de renforcement des capacités des pays membres de cette institution financière panafricaine. La plupart des stratégies des pays africains dans ce domaine ont "omis l'importance des capacités institutionnelles et organisationnelles qui constituent l'environnement indispensable pour l'efficacité des capacités humaines", a relevé le responsable régional de la Bad. "Les pays africains ont fait des efforts pour améliorer leurs capacités de gestion du développement en créant des institutions de formation. Cependant, peu d'entre elles existent encore et encore rares celles qui fonctionnent de manière satisfaisante", a souligné M. H'midouche. La rencontre de Dakar qui a réuni une soixantaine de hauts cadres de l'administration d'une vingtaine de pays, s'inscrit dans le cadre d'une série de rencontres régionales la Bad pour promouvoir sa nouvelle stratégie de renforcement des capacités des pays membres au service du développement et de la croissance. Pour cela, il faudra des ressources et des investissements plus importants et une action concertée pour l'optimisation des compétences des services impliqués dans la promotion du développement dans les pays africains, a souligné M. Hmidouche, qui a assuré que la Bad est disposée à se positionner en tant que partenaire de premier ordre pour l'exécution des programmes de renforcement des capacités. “La stratégie développée par la Bad en matière de renforcement des capacités reconnait la variété des besoins selon les pays membres régionaux et prévoit différentes réponses adaptées aux réalités de chaque pays,” a-t-il ajouté. Les pesanteurs qui empêchent le décollage économique de l'Afrique ne sont pas une fatalité, a souligné, pour sa part, Sibry Tapsoba, directeur de l'Institut africain de développement (IAD), une instance relevant de la Bad. "Nous pouvons régler cela, si nous agissons maintenant, si nous agissons ensemble et si nous agissons différemment en matière de renforcement des capacités pour assurer une bonne gestion des stratégies de développement", a-t-il plaidé. Et de citer le cas de Singapour et de la Corée du Sud, deux pays aux économies moins fortes que celle du Ghana en 1960, mais qui ont fait de bons choix en matière d'optimisation des capacités de gestion. “Aujourd'hui, ces deux pays ont des revenus par tête d'habitant qui tourne annuellement autour de 31.000 dollars US pour la Corée du Sud et 26.000 dollars US pour Singapour, là où le Ghana dépasse actuellement à peine 1.100 dollars par tête d'habitant,” a-t-il expliqué.