La baril de référence américain WTI, livrable en août, demeurait hier sans grande tendance. Une série de mauvaises statistiques provenant notamment des Etats-Unis semble indiquer que la reprise s'affaiblit et accrédite la thèse d'une conjoncture économique en double creux ('double dip'). La consommation de pétrole devrait s'en ressentir. Cependant, le cours du brut est soutenu par l'effet de changes, puisque le dollar a encore perdu 1,6% de sa valeur au cours des cinq dernières séances face à l'euro qui est ce matin revenu tester les 1,3330. Vers 10H00 GMT (12H00 à Berne), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s'échangeait à 75,68 dollars, en hausse de 5 cents par rapport à la clôture de lundi soir. A la même heure, le "brut léger texan" (WTI) pour livraison en août restait à l'équilibre, à 76,55 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), où il avait terminé la veille en hausse sensible. Le rebond boursier enregistré lundi soir par Wall Street s'est poursuivi mardi sur les Bourses asiatiques, permettant aux investisseurs d'oublier les inquiétudes sur les perspectives économiques mondiales qui avaient pesé sur les cours la semaine dernière. Par ailleurs, "les cours bénéficient d'un report de l'attention des investisseurs du marché américain vers la Chine, dont la consommation aurait surpassé celle des Etats-Unis en 2009", relevait David Hart, analyste du cabinet Westhouse Securities. Selon Fatih Birol, économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) cité mardi matin par le Financial Times, la Chine est devenue le premier pays consommateur d'énergie dans le monde, devançant les Etats-Unis. La Chine a ainsi consommé, en 2009, 2,252 milliards de tonnes d'équivalent pétrole, soit environ 4% de plus que les Etats-Unis, selon les chiffres de l'AIE rapportés par le quotidien financier. "Même si ces chiffres incluent toutes les formes et sources d'énergie, le pétrole devrait constituer une large composante dans la croissance future de la demande énergétique chinoise: ce constat soutient le moral du marché", et donc les prix, poursuivent les experts de Westhouse. "D'un autre côté, les Etats-Unis continuent de consommer presque le double du volume de pétrole brut consommé par la Chine. En tout état de cause, la demande et les tendances des stocks restent des facteurs clés pour l'évolution des cours", soulignent pour leur part les analystes de Commerzbank. "Les fondamentaux (offre et demande) sont encourageants pour une remontée des cours à moyen terme", ajoute de son côté le cabinet JBC Energy. Les prix du baril, libellés en dollars, profitaient également de l'affaiblissement du billet vert, qui a touché mardi un nouveau plus bas depuis deux mois face à l'euro, à 1,3029 dollar. "La corrélation du dollar au pétrole s'est récemment confortée", note JBC Energy. Les investisseurs surveilleront mardi la publication de la fédération professionnelle API (Americain Petroleum Institute), une première indication sur l'état des stocks américains, avant les chiffres officiels annoncés mercredi par le Department of Energy (DoE). Selon Commerzbank, l'API devrait dévoiler un recul de 1 million de barils (mb) des stocks de brut, un chiffre proche de ce que pourrait annoncer le DoE: le consensus d'analystes cité par l'agence Dow Jones Newswires anticipe une chute de 1,1 mb. Le marché sera également attentif au développement d'une dépression tropicale au large de Porto Rico. "La probabilité que (la dépression) ne s'aggrave reste relativement faible mais il convient de garder un oeil sur cette tempête, car elle pourrait, selon les prévisions météorologiques, se diriger vers le golfe du Mexique (30% de la production de pétrole des Etats-Unis, NDLR), et cela pourrait devenir une préoccupation en fin de semaine", souligne Olivier Jakob, du cabinet suisse Petromatrix.