La stabilité de la croissance économique en Asie et en Amérique latine rend peu probable le retour de la récession à l'échelle mondiale, estime le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, cité par les médias européens. Bien que le rythme de croissance mondiale en 2011 soit un peu plus lent que cette année, ce facteur ne permet toutefois pas d'augurer un retour de la "récession en double creux" (double-dip recession), a-t-il observé mardi lors d'une conférence de presse à Daejeon (Corée du Sud). La semaine dernière, le FMI a révisé son pronostic de croissance mondiale en 2010, le portant de 4,2% à 4,6%, sans toutefois modifier ses prévisions relatives à 2011 (4,3%). Selon M. Strauss-Kahn, il n'existe aucune raison de s'attendre à une rechute de l'économie mondiale. Cet avis est partagé par le ministre sud-coréen des Finances Yoon Jeung-hyun persuadé que les statistiques décevantes en provenance de la Chine et des Etats-Unis constituaient un phénomène de courte durée dû au démantèlement des programmes visant à stimuler l'économie dans ces pays. S'agissant de l'Europe, le ministre coréen a estimé qu'elle saurait venir à bout de ses difficultés économiques, mais que "cela demanderait du temps". La reprise économique mondiale reste intacte mais les progrès vers la stabilité financière ont marqué le pas fin avril et début mai. Les risques de marché et de liquidité se sont aggravés en raison des retombées du secteur souverain sur le système bancaire. Hormis aux échéances les plus courtes, les banques sont de nouveau moins disposées à se prêter entre elles et notamment aux établissements des pays de la zone euro perçus comme étant mis à rude épreuve. Qui plus est, la volatilité des prix des actifs financiers s'est accentuée et les investisseurs manifestent un moindre appétit pour le risque. La menace d'une interaction négative avec l'économie s'en trouve donc accrue, même si jusqu'à présent elle reste latente. Les tensions les plus aigües se sont quelque peu estompées depuis environ un mois, mais la confiance des marchés demeure fragile. Les valeurs refuges classiques comme les bons du Trésor américain, les Bunds allemands et l'or sont en hausse. Les actifs plus risqués, tels que les actions des pays matures et émergents ont perdu une grande part du terrain gagné au début de l'année et le redressement qu'ils viennent d'amorcer n'est que modeste. Les cours des matières premières sont retombés aux niveaux de l'automne dernier. Si la volatilité s'est légèrement atténuée ces derniers temps, elle reste supérieure à ce qu'elle fût avant le repli. Toutefois, il y a de signaler que malgré l'amélioration générale de la conjoncture économique et une longue période de rétablissement suite à l'effondrement de Lehman Brothers, la marche vers la stabilité financière mondiale a récemment été perturbée. Les risques souverains dans certaines parties de la zone euro se sont matérialisés et étendus au secteur financier. Ils pourraient toucher d'autres régions et alimenter de nouveau une interaction négative avec l'économie. D'autres mesures résolues doivent venir s'ajouter à la riposte énergique engagée par les instances nationales et supranationales pour renforcer la confiance dans le secteur financier et assurer la poursuite de la reprise économique. Dans ce contexte, la dynamique du marché se caractérise par les tensions fortes et persistantes sur certaines dettes souveraines (graphique 2). Elles tiennent en partie à la réévaluation permanente du risque de crédit souverain dans la zone euro. La création de l'euro a mis fin au risque de change intra-régional et ouvert des perspectives de convergence des politiques budgétaires et macroéconomiques des pays de la zone. C'est pourquoi jusqu'à une période très récente les écarts de taux souverains de la région tendaient à se rétrécir sensiblement. Suite aux déconvenues budgétaires de la Grèce, les investisseurs recalculent ces risques pour l'ensemble de la région. Les gouvernements doivent donc continuer d'appliquer des plans crédibles de rééquilibrage des finances publiques et de renforcer la gouvernance économique dans la zone euro.