Après des mois d'impasse dans les négociations de Doha sur la libéralisation du commerce mondial, une nouvelle dynamique semble émerger. Le directeur général de l'OMC Pascal Lamy l'a estimé mardi à Genève en faisant le point devant les 153 pays membres. "Après des mois d'impasse dans les négociations, mon sentiment est que nous commençons à voir apparaître les signes d'une nouvelle dynamique", a déclaré le patron de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) lors d'une réunion du comité de négociations commerciales, avant que l'organisation interrompe ses travaux pour le mois d'août. Il a fait état de progrès dans les discussions au sein de petits groupes informels, en particulier dans les contacts entre les grandes puissances, Etats-Unis, Union européenne, Chine, Brésil et Inde. Il est trop tôt pour que les 153 pays membres s'engagent dans des compromis horizontaux entre secteurs, l'étape finale des négociations, par exemple en offrant des concessions sur l'agriculture en échange d'avantages pour l'accès des marchés industriels, a reconnu en même temps Pascal Lamy. Les progrès dans les négociations pourront être évalués à nouveau vers la mi-octobre, avant le sommet du G20 de novembre à Séoul, a précisé le responsable de l'OMC. Un accord final sur le cycle de Doha pourrait avoir lieu l'année prochaine, soit dix ans après le lancement de ce cycle en 2001 dans la capitale du Qatar, selon des sources diplomatiques. Les divergences de fond restent les mêmes au fil des mois: les Etats-Unis et l'UE font pression pour des concessions supplémentaires de la Chine, du Brésil et de l'Inde notamment sur l'accès au marché des produits industriels, alors que les pays émergents insistent pour l'ouverture des marchés agricoles des pays riches. Des négociations sur les services, la facilitation du commerce, le coton, les subventions à la pêche, les règles anti-dumping, les biens environnementaux se déroulent en parallèle. Notons par ailleurs que le rapport annuel de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) publié le 23 juillet porte sur le commerce des ressources naturelles (combustibles, forêts, produits miniers, ressources halieutiques). Il recommande davantage de coopération entre les gouvernements pour parvenir à une bonne gestion des échanges dans ce secteur. " Les ressources naturelles représentaient environ 24% du commerce total de marchandises en 2008 ", indique le rapport. Le volume de ces échanges est resté stable ces 10 dernières années, mais leur valeur a augmenté de 20% par an. Si l'OMC conçoit que ses règles n'ont pas été élaborées pour réglementer le commerce des ressources naturelles et ne répondent pas toujours convenablement aux spécificités du secteur, " le fait de ne pas traiter ces questions serait une source de tension croissante dans les relations commerciales internationales", a relevé Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, lors de la présentation du rapport à Shanghai. Les économistes de l'OMC ont concentré leur analyse sur 5 thèmes transversaux : la répartition géographique inégale de nombreuses ressources naturelles, leur caractère épuisable, l'impact environnemental de l'extraction et/ou de la consommation de ces ressources, la prédominance de certaines dans quelques économies nationales et enfin la volatilité du marché. Il ressort de ces questions que face au caractère épuisable de certaines matières premières, les pays riches en ressources naturelles comme la Russie (non membre de l'OMC) ou l'Arabie Saoudite ont tendance à limiter les exportations par des taxes et des restrictions quantitatives à l'exportation. Or ces taxes, note le rapport, concernent 11% du commerce des ressources naturelles, contre 5% du commerce des autres marchandises. Ceci a pour effet de défavoriser les autres pays qui doivent faire face à la hausse des cours mondiaux. Il est donc nécessaire, selon le rapport, de veiller à ce que le commerce s'accompagne de politiques nationales et de règles mondiales qui tiennent compte des particularités des marchés de ressources naturelles. L'OMC recommande en outre aux gouvernements de prendre des mesures "pour améliorer la conservation des ressources naturelles, notamment le traitement des subventions accordées à cette fin ". En effet, si les subventions peuvent être utiles pour remédier aux défaillances du marché et modifier les structures d'incitation de façon à obtenir de meilleurs résultats, elles peuvent aussi aggraver les choses et dans certaines circonstances, accentuer la surexploitation de ressources naturelles peu abondantes.