L'économie russe ne regagnera pas son niveau d'avant la crise économique mondiale avant la fin de l'année 2012, a annoncé samedi le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Alexei Kudrin. Le Produit intérieur brut russe (PIB) a reculé l'année dernière de 7,9% par rapport au taux enregistré en 2008. M. Kudrin a indiqué qu'un quart du PIB russe a été créé par l' industrie du pétrole et du gaz et qu'environ 40% du budget fédéral dépend de l'exploitation, de la transformation et du transport du pétrole. Cependant, d'ici 2020, la part du PIB du secteur du pétrole et du gaz diminuera progressivement à 15%, en accord avec la baisse enregistrée dans le secteur de la mine pétrolière et gazière, a indiqué M. Kudrin. L'économie "augmentera de 4% à 5%, bien qu'il soit souhaitable qu'elle augmente de 7%", a expliqué M. Kudrin cité par l'agence de presse Itar-Tass. La Russie, qui dépend des exportations de matières premières comme source principale de ses recettes budgétaires, a été durement touchée par la crise économique 2008. Pour rappel, La crise financière de la Russie s'est traduite également par une crise économique, a culminé en1998. Elle est marquée par une dévaluation brutale du rouble et un défaut sur la dette russe (les GKO notamment). Cette crise se produit à la suite de la crise économique asiatique de 1997, située au début d'un ralentissement économique mondial. L'inflation cette année-là fut de 84 % en Russie. En effet, l'économie de la Russie est désormais otage de l'éventuelle croissance mondiale. La raison est limpide : le budget de l'état dépend presque totalement du prix de l'énergie. Maintenant que le prix du pétrole a atteint 80 $ le baril, la banque centrale de Russie peut de nouveau acheter des devises étrangères. Les réserves en or et devises étrangères augmentent, ce qui implique l'appréciation du rouble. Mais le budget de la Russie pour 2010 est toujours sur la voie du déficit, en raison de dépenses élevées. Le vif accroissement des revenus du début des années Poutine est une ère révolue. Lors de son maintient, les dépenses ont enflé, restant tout de même gérables - jusqu'à ce que soudainement, le prix de l'énergie s'effondre. Il s'est avéré que le Kremlin, dévoué à son précieux fétiche - l'avis de Poutine - n'était pas du tout prêt à restreindre les dépenses publiques à la suite de la baisse des recettes de letat. L'alourdissement du déficit budgétaire n'est donc une surprise pour personne. Feu Yegor Gaidar, le premier ministre russe en faveur d'une réforme, avait mis en garde le gouvernement contre les conséquences de prix démesurés du pétrole. Il avança maintes fois qu'une hausse excessive des dépenses saperait toute volonté politique de compression au moment nécessaire. Gaidar nous a quitté l'an dernier ; ses avertissements ignorés de tous sont devenus réalité, ce qui nous montre une fois de plus qu'aucun homme n'est prophète en son pays. Au cours des derniers mois, le gouvernement russe a fini par abaisser le taux d'inflation à 8 %. Cette prouesse est souvent présentée comme une nouvelle étape montrant que la fin de la crise est proche. Mais c'est faux. L'inflation est retombée du fait de la crise, qui a inversé les flux de capitaux. Tandis que l'investissement vers l'intérieur a atteint 20 milliards de dollars en 2008, le total des sorties de capitaux enregistré en 2009 était de 20 milliards. La banque centrale achète moins de devises étrangères et donc émet moins de roubles, ce qui a pour effet de réduire l'inflation.