Les contrats à terme sur le pétrole brut se repliaient hier, sur fond de baisse des marchés d'actions européens, de dépréciation de l'euro face au dollar et de prises de bénéfices. Le prix du baril a atteint mardi des points hauts sur trois mois. A 12h44, le contrat de septembre sur le Brent coté à l'ICE de Londres perdait 78 cents, à 81,90 dollars le baril, tandis que celui sur le brut du New York Mercantile Exchange, appelé West Texas Intermediate, cédait 54 cents à 82,01 dollars le baril. Les investisseurs sont revenus vers le marché pétrolier mardi, malgré la publication de statistiques économiques moroses aux Etats-Unis, ce qu'Eugen Weinberg, chez Commerzbank, explique par le fait que des statistiques faibles signifient le maintien de taux d'intérêt bas pendant plus longtemps et une baisse du dollar. Les inquiétudes à l'égard de la vigueur de la reprise économique aux Etats-Unis sont néanmoins le principal élément retenant l'attention mercredi, avec la publication de l'enquête ADP sur l'emploi et l'indice ISM du secteur des services, qui pourraient donner des indications concernant le rapport clé sur l'emploi américain de vendredi. Il faut dire que le cours du pétrole a engrangé sur les quatre dernières séances plus de 5 dollars (soit plus de 7%), soutenu notamment par une forte glissade de la monnaie américaine et des résultats trimestriels d'entreprise de bonne tenue. Une série d'indicateurs défavorables aux Etats-Unis (baisse plus forte qu'attendu des commandes industrielles et repli des promesses de ventes de logements en juin), n'ont pas freiné mardi l'ascension des cours du brut. "Les bonnes nouvelles (sur le front macroéconomique) sont bonnes pour les prix du pétrole, mais apparemment les mauvaises nouvelles aussi: elles suggèrent le maintien de taux d'intérêt extrêmement bas pour plus longtemps et un dollar plus faible", soulignaient mercredi les analystes de Commerzbank. La faiblesse de la monnaie américaine favorise les achats de matières premières libellées en dollars, pour les investisseurs munis d'autres devises. "Les indicateurs continuent de mettre en évidence une stagnation de l'économie aux Etats-Unis, et ce ne serait pas une surprise de voir la Réserve fédérale s'inquiéter de plus en plus du rythme de la reprise" et donc de maintenir des taux d'intérêt bas, confirme Olivier Jakob, du cabinet suisse Petromatrix. Selon lui, les chiffres mensuels sur l'emploi américain -- l'étude de l'association professionnelle ADP sur le secteur privé attendue mercredi puis le rapport du Ministère du travail sur l'emploi et le chômage vendredi -- seront "un indicateur clef". Les estimations publiées mardi soir par la fédération API (American Petroleum Institute) étaient cependant susceptibles de refroidir quelque peu la récente montée d'enthousiasme du marché. Ce rapport, qui donne une indication sur les réserves de brut des Etats-Unis avant les chiffres hebdomadaires officiels du Département de l'Energie (DoE), a fait état d'un recul des stocks américains de brut de seulement 800'000 barils la semaine dernière. Toujours selon l'API, les stocks d'essence auraient au contraire progressé de 2,3 millions de barils et ceux de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) de 1,1 million de barils. Or, les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires s'attendent à un recul bien plus prononcé des réserves américaines de brut, de 1,6 million de baril. En pleine période de grands déplacements estivaux, ils tablent par ailleurs sur une baisse de 800'000 barils des stocks d'essence, mais sur une augmentation de 1,1 million de barils des produits distillés. "Les attentes d'une très forte réduction des stocks n'ont pas été confirmées mardi soir (par l'API). (...) Le fait que les prix n'aient malgré tout reculé que légèrement met en évidence les tendances positives du marché et suggère qu'un nouveau bond des cours est à prévoir dès que les facteurs haussiers reprendront le dessus", soulignaient les experts de Commerzbank.