Le ramadan, qui a commencé hier, mercredi 11 août, concerne en France entre 5 et 6 millions de musulmans. selon le ministère de l'Intérieur chargé des Cultes, le ramadan n'est pas qu'un phénomène religieux, mais aussi économique, notamment quand il a lieu au milieu de l'été. Surtout dans l'hôtellerie de luxe, à Paris comme à Cannes, où les professionnels manquent de visibilité pour le mois d'août, le ramadan risquant d'éloigner la clientèle du Moyen-Orient. En effet, D'autres pays, comme la Tunisie, voient au contraire dans le ramadan au mois d'août une aubaine plus qu'un obstacle. Comme le rapporte le site d'information Magharebia, de nombreuses activités se sont développées: événements divertissants en soirée, ouverture des boutiques et des restaurants, mise en place de navettes en circulation entre les hôtels et les mosquées pour les prières des Tarawih. Dans le même sens, de plus en plus de musulmans préfèrent fêter le ramadan en France plutôt qu'au "bled". Fuyant la chaleur, les prix excessifs et le carcan des mœurs, ils ont pour la plupart avancé leurs vacances pour être de retour dans l'Hexagone au début du mois de jeûne. "L'an dernier, le ramadan qui débutait le 22 août avait déjà un peu décalé les dates de retour, mais là, ça s'est amplifié", note le directeur général de la compagnie aérienne Aigle Azur. Même constat à la Société nationale maritime Corse Méditerranée qui dessert la Tunisie et l'Algérie, et enregistre de "gros retours vers le 7-8 août, alors que d'habitude, pas du tout". A l'image d'Air Algérie, qui a lancé un tarif spécial "Siam" (jeûne), les voyagistes, souligne un responsable de la compagnie, ont intérêt à affûter leurs offres s'ils veulent raviver l'intérêt des musulmans pour un ramadan "au pays". Cette année, le ramadan en plein été pousse de nombreuses familles musulmanes en vacances au "bled" à avancer leur retour en France. Les professionnels du tourisme maghrébins tentent de contrer ce manque à gagner. Pour éviter d'avoir à supporter en plein jeûne du ramadan la chaleur écrasante de certaines grandes villes d'Afrique du nord, de nombreuses familles musulmanes de France venues passer leurs vacances en Tunisie, au Maroc ou en Algérie préfèrent rentrer pour retrouver les températures plus clémentes de l'Hexagone. Une perte sèche de revenus pour ces pays où le tourisme tourne d'ordinaire à plein régime tout l'été. Cependant, Les responsables du tourisme maghrébins redoutent que les émigrés, grands amateurs de vacances d'été, ne boudent leurs pays d'origine pendant le mois de ramadan. Un seul mot d'ordre, les convaincre qu'une fois passé l'austère moment de jeûne entre le lever et le coucher du soleil, ils retrouveront les soirées à l'ambiance traditionnelle et familiale qu'ils ne pourront pas retrouver en France. Dans le même contexte, Cette situation difficile pour le secteur touristique maghrébin va se répéter sur plusieurs années encore, le ramadan avançant d'une dizaine de jours par an en fonction du calendrier lunaire. "Le problème c'est que nous n'avons pas assez de recul afin de prédire le comportement des gens. Pour l'instant, nous remarquons juste un étalement de la date de retour", observe Abdelmadjid Jazi, directeur commercial chez Tunisair. Ainsi, Tunisair, vise uniquement les jeunes d'origine tunisienne de moins 30 ans, en offrant un tarif préférentiel de 50% sur un voyage France-Tunisie. En effet, les compagnies aériennes ont constaté que les jeunes sont les plus réticents à vouloir passer le ramadan au "bled". Enfin, et afin de raviver l'intérêt des musulmans pour un ramadan "au pays", Air Algérie a lancé un tarif spécial "Siam", une réduction des prix des billets pendant le mois de ramadan, d'une moyenne de 55 % pour ses dessertes vers la France. A titre d'exemple un vol Paris-Alger coûte en moyenne 240 euros. La compagnie française Aigle Azur offre également des tarifs promotionnels pour tous ses vols vers le Maghreb, effectués entre le 5 août et le 12 septembre 2010. Un vol aller/retour depuis Paris vers l'Algérie est proposé à 219 euros.