Selon l'expert international, le Docteur Abderrahmane Mebtoul, les perspectives des réserves de Sonatrach ne peuvent être comprises sans l'analyse des coûts internes, le vecteur prix international et les énergies substituables. Cet expert indique que Sonatrach n'a jamais donné officiellement de véritables indicateurs et s'interroge si ce groupe possède une comptabilité analytique selon les normes internationales pour chaque section, un compte global consolidé pouvant voiler d'importantes disparités dans la gestion opérationnelle. Selon certaines estimations internationales, le coût en Algérie est beaucoup plus élevé que dans les pays directement concurrents. Il ne faut pas comparer l'Algérie pour le gaz avec seulement moins de 3% de réserves mondiales prouvées à fin 2008 (4500 milliards de mètres cubes) contre moins de 1% pour le pétrole (épuisement inévitable dans environ 16 ans) à la Russie 33% des réserves, l'Iran plus de 15% ou le Qatar (10%) avec une population inférieure à une wilaya moyenne algérienne. Pour cet expert, la modification de la loi sur les hydrocarbures limitant à moins de 49% l'apport étranger tant à l'amont, l'aval, que dans le transport par canalisation, a entraîné une nette diminution des investissements étrangers dans ce secteur qui requiert des technologies de pointe, étant soumis à une rude concurrence et les segments contrôlés au niveau mondial par quelques firmes, l'Algérie n'a pas par ailleurs investi à temps dans ces filières contrairement à bon nombre de pays du Golfe. Aussi, les parts de marché au niveau mondial sont déjà prises sans compter que l'amortissement a été largement effectué réduisant substantiellement leurs coûts, contrairement à l'Algérie qui aura fort à faire pour avoir un prix compétitif du fait de la lourdeur des coûts d'amortissement de départ. Par conséquent, M. Mebtoul s'interroge si la Sonatrach a les capacités d'investir seule sans un bon partenariat, sans le partage des risques à l'aval, sans être assurée de la commercialisation. L'Algérie a produit 86,5 milliards de m3 en 2008, contre 49 milliards en 1990 et avec les nouveaux projets, la production doit atteindre 100 milliards de mètres cubes. Les exportations prévues entre 2014 et 2016 seraient de 85 milliards de mètres cubes et 40 pour la consommation intérieure. Selon les dernières estimations d'août 2010, le Greg a revu à la baisse la consommation par rapport à son précédent rapport, soit 135 donnant un déficit de 25 milliards de mètres cubes gazeux. Le docteur Mebtoul s'inquiète également sur les exportations de gaz algérien qui ont représenté en 2009 un tiers des recettes de Sonatrach et n'ont pas dépassé 54,5 milliards de m3 en 2009, fort loin de l'objectif de 85 milliards de m3 pour 2012, alors que le rythme des exportations annuelles de gaz naturel tournait autour des 64 milliards de m3 par an. L'objectif pour 2009 était d'exporter 65 milliards de m3. Par ailleurs, les acheteurs principalement, les Italiens, les Espagnols et les Français - plus de 60 % des quantités engagées n'ont recouru qu'à l'enlèvement minimal des voitures contractuels à un prix moyen indexé sur le prix du brut, situé entre 7 et 10 dollars le million de BTU durant l'année. Le reste des approvisionnements a été réalisé par les clients de Sonatrach sur les marchés spot ou le gaz naturel cargaisons GNL était cédé à moins de 5 dollars le million de BTU en moyenne sur le second semestre 2009, la crise mondiale ayant entraîné une baisse des enlèvements de gaz naturel par les stations, les Espagnols et les Français, plus de 60 % des quantités engagées contractuellement. Sans compter que Sonatrach absorbe une grande partie de ses recettes dans son autofinancement, amplifié par les nouvelles dispositions qui l'oblige à investir sur ses fonds propres. Les réalisations de l'année 2009 en matière d'investissements ont atteint 1 080 milliards de dinars (14 milliards de dollars), contre 598 milliards de dinars pour 2008, marquant une augmentation de 81 %. Et les produits de l'année 2009 ont été de 4 239 milliards de dinars, contre 9 095 milliards de dinars en 2008, marquant une baisse de 53 %. L'Algérie devra inéluctablement, si les cours du gaz et du pétrole se maintiennent au niveau actuel et au vu des programmes d'investissements, et sans afflux substantiels de l'investissement étranger, puiser dans les réserves de change. A moins que l'on freine le rythme de la dépense publique mais avec les tensions sociales de plus en plus vives l'inexistence d'une véritable politique salariale mais des distributions de rente pour une paix sociale fictive. Par conséquent, l'expert s'interroge sur la place de Sonatrach dans cet échiquier stratégique mondial et la rentabilité des installations tant par canalisation que du gaz naturel liquéfié et ce, d'autant plus que les contrats à moyen terme expirent dans leur majorité en 2012/2013. Mais il est utile de préciser que la politique économique a été constante, sans changements notables des différents gouvernements depuis 1974 à 2010, intensifier les exportations des hydrocarbures à l'état brut ou semi brut certes, avec des finalités différentes, industriels ou infrastructures clefs en main solution de facilité sans s'attaquer à la gouvernance et à la valorisation du savoir, fondement véritable du développement, l'économie algérienne étant une économie fondamentalement rentière. Et la problématique centrale est comment passer d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures. Finalement le docteur Mebtoul s'interroge sur l'avenir des générations futures, dans moins de 20 ans, sans que l'on ait préparé l'après-pétrole. Il y va de la responsabilité des gouvernants, car il pose la problématique de la sécurité nationale.