Les contrats à terme sur le pétrole brut montent pour la troisième séance consécutive vendredi, après avoir, dans un premier temps, perdu du terrain, tandis que le marché attend les chiffres révisés du produit intérieur brut américain pour le deuxième trimestre. Les cours du brut ont atteint des points bas en séance au cours des dix premières minutes suivant l'ouverture vendredi, pour ensuite osciller pendant une grande partie de la matinée et s'orienter à la hausse vers 11h30. Le Royaume-Uni a revu en hausse son taux de croissance du deuxième trimestre pour afficher sa meilleure performance depuis neuf ans, tandis que les contrats à terme américains suggèrent une ouverture positive à Wall Street. L'attention du marché sera retenue cet après-midi par la deuxième estimation du PIB des Etats-Unis au deuxième trimestre, qui paraîtra à 14h30, et par l'intervention du président de la Fed Ben Bernanke lors d'une réunion de banquiers centraux à Jackson Hole. "Des allusions à de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif pourraient soutenir le marché", dans la mesure où une baisse du dollar profite aux cours pétroliers, observe Filip Petersson, analyste chez SEB Commodity Research. A 14h00, le contrat d'octobre sur le Brent coté à l'ICE de Londres gagnait 50 cents, à 75,52 dollars le baril, tandis que celui sur le brut du New York Mercantile Exchange, appelé West Texas Intermediate, prenait 36 cents à 73,72 dollars le baril. Le contrat sur le Brent présente une prime de 1,80 dollar le baril par rapport à celui sur le WTI, ce qui reflète la faiblesse de la demande pétrolière et le niveau record des stocks de brut et de produits pétroliers aux Etats-Unis. Le rebond des prix représente probablement une reprise technique après les fortes pertes essuyées en début de semaine, le baril s'étant effondré de plus de 10 dollars en l'espace de trois semaines", relevaient les analystes de Commerzbank. "Des opérateurs ont sans doute considéré le bas niveau des cours comme une opportunité d'achat. Cependant, même si les prix possèdent effectivement un potentiel de hausse, les perspectives à court terme sont limitées étant donnés les stocks record aux Etats-Unis et des indicateurs américains décevants", poursuivaient-ils. Les marchés s'inquiètent de la multiplication de données macroéconomiques médiocres aux Etats-Unis, et une hausse surprise des réserves américaines de brut et d'essence a encore avivé les craintes sur un possible ralentissement de l'économie. Dans ce contexte, soulignait David Hufton, analyste de PVM, "le marché en est vite revenu, malgré son rebond, à ruminer ses interrogations" sur les deux évènements majeurs attendus vendredi: les chiffres révisés du PIB américain du deuxième trimestre, attendus en baisse, et un discours du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Ben Bernanke, "Tout le monde guette les signes" de mesures de soutien de la Fed à l'économie, expliquait M. Hufton. "Si ces indices sont forts, cela soutiendra les prix du pétrole, même si cela constitue un signal d'alarme sur l'état de l'économie", "Les cours du baril profiteront à court terme de telles mesures, surtout en raison de l'affaiblissement du dollar qui en résulterait", ajoutait l'analyste, une dépréciation du billet vert favorisant les achats de matières premières libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Mais une récession en double creux, un scénario désormais évoqué par certains économistes, toucherait rapidement les prix du brut, soulignait David Hufton. "Une baisse du PIB équivaut à une chute de la demande (pétrolière), et les économies des pays en développement ne pourront pas croître un rythme rapide si les Etats-Unis et la zone euro marquent le pas", notait-il. Les investisseurs gardaient aussi un oeil sur l'évolution du violent ouragan Danielle et de la tempête tropicale Earl au milieu de l'océan Atlantique, qui ne semblent toutefois pas menacer les installations pétrolières du golfe du Mexique.