La hausse des cours mondiaux du blé n'est pas encore assez significative pour provoquer une inflation des prix des produits alimentaires bien que les cours de la céréale aient doublé en l'espace de deux mois, estime vendredi un économiste de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Abdolreza Abbassian, analyste du marché des céréales et économiste à la FAO a indiqué à Reuters lors d'une interview téléphonique qu'il s'attendait à ce que les cours du blé restent élevés et volatiles dans les mois à venir mais qu'ils ne risquaient pas de provoquer une inflation mondiale. "Nous faisons face à ce problème (de baisse de la production) cette année en ayant recours aux stocks (...). A mesure que les stocks diminueront, nous allons avoir davantage de volatilité qu'aujourd'hui", a-t-il déclaré. "Il est un peu trop tôt pour parler d'inflation (des prix des produits) alimentaires alors que l'essentiel de l'augmentation affecte le blé", a ajouté le spécialiste. Abdolreza Abbassian estime par ailleurs que la production de blé russe devrait être de 42 à 43 millions de tonnes en 2010, ce qui représenterait une baisse de 20 millions de tonnes environ par rapport à 2009. La FAO est sur le point d'abaisser ses prévisions de production mondiale de blé en 2010, a-t-il prévenu. L'indice de la FAO des prix alimentaires, qui mesure l'évolution des cours internationaux d'un panier de produits, devrait afficher une hausse en août par rapport à juillet, mois lors duquel il avait atteint un plus haut de cinq mois. L'indice devrait continuer à progresser lors des deux à trois prochains mois, a précisé l'économiste. Il prévoit que la hausse du mois d'août sera portée par les céréales, le sucre, les huiles végétales et les matières grasses. En outre, si le mauvais temps persiste en Russie et touche les autres producteurs majeurs dans l'hémisphère nord, au moment où ils préparent leurs cultures hivernales, la prochaine saison de production de blé dans le monde pourrait être menacée, a-t-il dit. Il a ajouté que cette éventualité restait "très mince" pour l'instant, les conditions climatiques semblant s'améliorer en Russie. En août, les contrats à termes sur le blé à Chicago ont touché un plus haut d'environ deux ans, atteignant 8,41 dollars le boisseau après un mouvement haussier de deux mois dû à la sécheresse en Russie. Ils ont ensuite baisser de façon importante, sous les sept dollars le boisseau. Les prix du blé ont poursuivi leur repli sur le marché à terme de Chicago au cours de la semaine écoulée, même si des rumeurs apparues en fin de semaine sur d'éventuelles importations de Russie ont ralenti le rythme des pertes. La vague de chaleur dans la région de la mer Noire en Russie, qui a pris fin cette semaine, a détruit environ un quart des récoltes de céréales et entraîné un arrêt des exportations. L'Ukraine est également sur le point d'imposer des quotas d'exportations, une réaction que les courtiers jugent exagérée. Les difficultés des producteurs russes et est-européens profitent aux agriculteurs américains. Les Etats-Unis sont les premiers exportateurs de blé dans le monde. Les acheteurs comme l'Egypte, le plus grand importateur mondial de blé, commencent à se tourner vers les Etats-Unis qui disposent d'importantes réserves. Les cours ont été portés jeudi par des commentaires d'analystes et de courtiers selon lesquels la Russie pourrait devenir un importateur considérable de blé cette saison, une information toutefois démentie vendredi par les autorités russes. "Nos propres récoltes sont suffisantes. Cette rumeur est propagée aux fins de servir les intérêts d'un groupe de traders malhonnêtes (...)", a déclaré vendredi un porte-parole du ministère russe de l'Agriculture. Parallèlement, un représentant du ministère de l'Agriculture ukrainien a dit que son gouvernement était ouvert à un ajustements des quotas d'exportations après discussions avec les courtiers et en fonction des conditions de marché. Le contrat de blé pour livraison en décembre a clôturé à 7,12 dollars le boisseau (environ 25 kg) vendredi, contre 7,3425 dollars sept jours plus tôt, soit un repli de 3,03%. C'est sa deuxième semaine de baisse consécutive après s'être envolé de près de 60% sur les cinq semaines précédentes. Il était monté le 6 août jusqu'à 8,68 dollars en séance, son plus haut niveau depuis l'été 2008, au lendemain de l'annonce par la Russie d'un embargo sur ses exportations. Les prix du soja et du maïs ont connu des fortunes diverses, les premiers reculant nettement sur la semaine tandis que les seconds ont résisté. Le relevé hebdomadaire du département américain de l'Agriculture publié jeudi a mis en évidence des ventes solides à la fois pour le soja et le maïs, mais les chiffres "ne sont valides que jusqu'à jeudi de la semaine passée", a souligné Rich Nelson, d'Allendale. "Jusqu'à présent, on n'a pas vu d'achat de soja de la part de la Chine, ce qui inquiète le marché", qui craint également un ralentissement dans les ventes de maïs, a rapporté Rich Nelson. "Les prix élevés découragent les acheteurs", a ajouté l'analyste. Le contrat de maïs pour livraison en décembre s'est établi à 4,3625 dollars, contre 4,2725 dollars il y a une semaine, gagnant 2,10%. Le contrat de graines de soja à échéance en novembre a fini à 10,04 dollars le boisseau contre 10,44 dollars vendredi dernier. Il a ainsi abandonné 3,83%.