La Russie n'a aucune intention d'empêcher les projets auxquels elle ne participe pas, mais elle continuera de montrer à ses partenaires les avantages de la coopération énergétique avec elle, a déclaré le président Dmitri Medvedev lors d'une conférence de presse à Bakou. "La position russe a toujours consisté en ceci: nous ne pouvons et ne devons entraver aucun projet. C'est inadmissible. Nous devons montrer les avantages de la coopération conjointe", a répondu le chef de l'Etat à la question de savoir si la coopération énergétique de l'Azerbaïdjan avec la Russie était compatible avec la participation de Bakou au projet Nabucco appelé à acheminer le gaz de la mer Caspienne en contournant la Russie. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a pour sa part indiqué que son pays aurait du gaz pour des dizaines d'années: les réserves prospectées de l'Azerbaïdjan recèlent près de 2.000 milliards de m3 et les réserves estimées près de 5.000 milliards. "Nous ne considérons pas notre activité dans le secteur gazier comme une occasion d'avantager un concurrent au détriment d'un autre. Nous ne partons pas des considérations politiques, mais de la pratique économique existante", a souligné M.Aliev. Destiné à acheminer le gaz naturel de la mer Caspienne vers l'Autriche à travers l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie et la Hongrie, le projet Nabucco est soutenu par l'Union européenne et les Etats-Unis. Sa capacité sera de 31 milliards de m3 par an (soit 5% des besoins de l'UE en 2020). Le coût du projet est évalué à 7,9 milliards d'euros. Notons par ailleurs que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a annoncé mercredi que la Commission européenne vérifie si le nouvel accord russo-polonais sur les livraisons de gaz par le gazoduc Iamal-Europe est conforme aux normes de l'UE. Quant aux projets concrets, l'UE doit s'assurer qu'ils sont conformes à la législation européenne, a indiqué M.Barroso à l'issue d'une rencontre avec le président polonais Bronislaw Komorowski, commentant l'éventuelle signature de l'accord russo-polonais qui bloque l'accès des opérateurs indépendants au transit de gaz russe via la Pologne. Un membre de la Commission européenne, Joseph Hennon, a indiqué mardi que l'UE préconisait l'accès des opérateurs indépendants au gazoduc Iamal-Europe et que les institutions antimonopoles de l'UE étudieraient attentivement le projet d'accord russo-polonais visant à régler le conflit des actionnaires de la coentreprise EuRoPol Gaz, propriétaire du tronçon polonais (684 km) du gazoduc Iamal-Europe et de cinq stations de compression. Aux termes de l'accord, les actionnaires d'EuRoPol Gaz - le groupe russe Gazprom (48%) et la société publique polonaise Polskie Gornictwo Naftowe i Gazownictwo SA (PGNiG, 48%) - porteront leur participation à EuRoPol Gaz à 50% chacun et ne pourront plus accueillir d'autres participants au capital de la coentreprise. La société publique polonaise Gaz-System sera l'opérateur des gazoducs de transit. C'est le résultat d'une entente intervenue entre Gazprom et PGNiG en novembre 2009, suite à un conflit sur le prix du transit qui a éclaté en 2006. La partie polonaise souhaitait alors augmenter le prix du transit de gaz via la Pologne de 1,94 à 2 dollars les 1.000 m3/100 km, alors que Gazprom insistait sur le tarif non rémunérateur prévu par l'accord intergouvernemental russo-polonais d'août 1993 sur le transit et la livraison de gaz.