Un nombre de plus en plus important de consommateurs se tournent, durant le Ramadhan et les fêtes de l'aïd el fitr à M'sila, vers la viande cameline proposée, notamment, par deux bouchers du marché couvert de la capitale du Hodna. Selon certains consommateurs, cette préférence est "motivée par le prix affiché certes, mais aussi par le fait que cette viande est particulièrement appréciée dans la préparation de plusieurs plats traditionnels, dont la chekhchoukha consommée durant le jour de l'aïd". La consommation de viande cameline, a-t-on ajouté, notamment celle très tendre du petit dromadaire (dja'out) dont la cuisson, contrairement à celle des bêtes adultes, est "ultrarapide ",ne se limite pas au seul mois du Ramadhan mais s'étend sur le reste l'année. La viande cameline hachée est également très sollicitée par les consommateurs qui l'utilisent pour préparer nombre de plats dont les célèbres dolma et bourek, selon les deux bouchers du marché couvert qui ont précisé que la viande cameline est vendue "200 DA de moins que la viande bovine". Ayant pignon sur rue, ces deux bouchers du marché couvert se targuent d'avoir des clients qui viennent de plusieurs wilayas du pays, dont Ghardaïa où ce type de viande est particulièrement apprécié. Nombre de consommateurs de cette viande espèrent voir sa vente s'élargir, dans la capitale du Hodna, aux autres bouchers de la ville de sorte à favoriser une certaine concurrence susceptible de se traduire par une baisse des prix. Pour ce faire, il faudrait, a-t-on estimé, revaloriser l'élevage camelin dans cette wilaya où le cheptel actuel se compose de quelque 500 dromadaires, soit à peine le tiers des effectifs d'il y a trois décennies. L'effectif camelin en Algérie a été évalué durant la présente décennie à 140.000 têtes. Celui-ci a connu une forte régression, selon les chiffres établis par le bureau de conseil et de consulting en développement durable Gredaal. Cette régression est le résultat, selon la même source, des abattages incontrôlés, des exportations clandestines, du déclin de la fonction traditionnelle, suite au développement de la motorisation et la sédentarisation des populations rurales sahariennes. D'où la néessité de redynamiser cette filière. Ainsi, des opérations sont menées à Naâma pour la valorisation de la richesse cameline dans la wilaya. Les services de la DSA ont dans ce sens procédé, au 1er trimestre 2010, notamment la fourniture de l'aliment, la multiplication des points d'abreuvage et l'amélioration de la prise en charge vétérinaire, en vue d'accroître la production cameline et ses dérivés (viande, lait et poils). Les services du secteur agricole et le commissariat au développement de la steppe œuvrent également à la protection des régions pastorales, en raison de la dégradation causée par la sécheresse de 2009 sur le couvert végétal des zones de parcours localisées notamment au Sud de la wilaya. Ciblant les lieux de concentration des éleveurs, plusieurs opérations ont été retenues au titre de la lutte contre la désertification et la protection et l'extension des pâturages, à travers le boisement de 300 ha, le réaménagement de 12 anciens puits pastoraux en plus de la création de brise, vent et la fixation des dunes de sable sur une surface d'un millier d'hectares. A ces actions viennent se greffer les efforts de l'inspection vétérinaire consistant en l'organisation de campagnes de vaccination gratuites contre les maladies contagieuses et la mobilisation de vétérinaires dans les zones de concentration du cheptel en plus du lancement, au 2è semestre 2010, d'expériences d'insémination artificielle et d'amélioration de la race cameline au centre Belhendjir, (commune de Ain Sefra). S'inscrivant dans le cadre de la relance de l'élevage camelin, des efforts sont également consentis pour la préservation des pâturages contre la dégradation en les transformant en réserves pastorales, afin de lutter contre le pâturage anarchique, a-t-on souligné à la DSA. Dans le même cadre, une nouvelle opération de recensement de la richesse cameline, estimée actuellement à 572 têtes, dont 78 chamelles, a été lancée dernièrement. De plus, l'on prévoit l'extension de ce type d'élevage à différentes régions pastorales semi-arides de Sidi Brahim, Som, Ammar, Messief, et Hadjrat Lemguil, après avoir régressé et s'être confiné, au cours des dernières années, dans les seules communes de Djenine Bourezgue et Moghrar, ont affirmé les responsables du secteur. Rappelons, par ailleurs, que l'élevage de chameaux est en passe d'être revivifié dans la la wilaya de M'sila,. Ainsi, selon les chiffres de la DSA on peut relever un "accroissement des effectifs du cheptel camelin local qui est passé de 1.000 à 1.500 têtes entre le début de la décennie et l'année 2010". Ce cheptel appartient à 58 éleveurs qui ont réussi à résister à des conditions difficiles, liées surtout au manque de terrains de parcours et à l'élévation des prix des fourrages. Le recul de l'abattage des chamelons et la régression de la consommation de leur viande du fait du renchérissement de son prix (plus de 500 DA le kg) ont contribué à cette reprise de croissance des troupeaux de camélidés, a souligné la même source, relevant que la consommation de la viande cameline se limite actuellement à de rares dégustateurs appréciant surtout le plat traditionnel de la chekhchoukha au Mekhloul (chamelon). L'augmentation du prix des poils de chameaux utilisés pour la confection des célèbres kachabias et burnous, cédés entre 4.000 et 9.000 DA le kg a également favorisé cette tendance, a-t-on encore estimé à la DSA. Notons que l'Algérie se situe au 18ème rang mondial et au 8ème rang du monde arabe en matière d'élevage camelin. Ce qui n'est pas rien. Le cheptel camelin est réparti sur trois principales zones d'élevage : le Sud-est, le Sud-ouest et l'extrême Sud avec respectivement 52%, 18% et 30% de l'effectif total.