Le nombre de véhicules en Chine devrait dépasser 200 millions en 2020, rapporte lundi le China Securities Journal qui cite un responsable du gouvernement. Cette forte augmentation du nombre de voitures en circulation risque de poser des problèmes pour l'environnement et pour la sécurité énergétique, a déclaré dimanche Wang Fuchang, vice-ministre au sein du ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information, lors d'une conférence sur l'automobile. Le marché automobile chinois est l'un des principaux soutiens à l'industrie automobile mondiale qui se remet toujours du net ralentissement subi l'an dernier. Les ventes ont montré des signes de ralentissement à partir du début du deuxième trimestre mais elles ont fortement rebondi en août grâce à des aides gouvernementales pour l'achat de véhicules propres. Les autorités chinoises s'inquiètent de la multiplication des investissements des constructeurs automobiles étrangers. Certes, la Chine est devenue en 2009 le premier marché mondial avec 13,6 millions de véhicules vendus, mais l'offre pourrait rapidement excéder la demande. Lors d'un forum international du développement de l'industrie automobile chinoise à Tianjin (Nord-Est), Chen Bin, un haut responsable de l'agence de planification chinoise - une sorte de super-ministère de l'industrie - a ainsi annoncé que les gouvernements locaux devraient mettre fin aux incitations fiscales et foncières à destination des groupes automobiles afin d'éviter une surcapacité dans le secteur. Selon M. Chen, la capacité de production de l'ensemble des usines en Chine pourrait s'élever à 31,2 millions de véhicules d'ici 2015 contre 13,9 millions fin 2009. Avec les alertes par email en cas d'événement majeur, suivez l'information en temps réel "Il y a effectivement un risque de surcapacité d'ici 2015, avertit Shen Jun, spécialiste du secteur automobile au cabinet de consultants Roland Berger. Encouragés par la croissance du marché automobile en 2009 et au premier semestre 2010 et par une politique d'incitations fiscales des gouvernements locaux, de nombreux constructeurs augmentent leur capacité de production de façon agressive. Le problème est que lorsque le marché va ralentir dans les prochaines années, ce qui devrait arriver, ces surcapacités vont s'intensifier." Un emballement, qui pourrait avoir des conséquences en cascade. "D'importantes surcapacités nuiraient à la compétitivité du secteur et entraîneraient des arrêts d'usines et d'autres problèmes", a averti M. Chen estimant que l'évolution du marché n'étant "pas régulière", il est difficile pour les constructeurs de "faire des estimations fiables". Pour John Zheng, consultant indépendant dans le secteur automobile en Chine les propos du gouvernement chinois ne sont pas nouveaux : "Les autorités s'inquiètent toujours des surcapacités. Il y a cinq ans, elles avaient les mêmes craintes. Pourtant, en 2009, elles ont constaté que les capacités de production n'étaient pas suffisantes. Dans la pratique, les constructeurs développent leurs capacités de production étape par étape, en fonction de l'évolution du marché. Tandis que le gouvernement se base sur ce que les constructeurs annoncent à long terme. Il s'agit d'un marché en pleine croissance, je ne pense pas que se posera un problème de surcapacités de production." Quant aux constructeurs, ils estiment ne faire que répondre à la demande. "Le marché chinois devrait atteindre 25 millions de véhicules particuliers en 2020, soit un tiers des ventes mondiales. Il faudra bien les produire", souligne un responsable d'un groupe européen. Le marché chinois donne pourtant quelques signes d'essoufflement. Après une très forte expansion en 2009 (+45 %) et jusqu'en avril, les perspectives s'annoncent moins roses pour le second semestre. En juillet, les ventes ont ralenti pour atteindre le rythme le plus faible constaté en quinze mois.