D'un côté, on nous dit que seule la concurrence peut mener à la prospérité alors que l'on sait que toute concurrence détruit la solidarité, car il faut que, fatalement, de celle-ci, en découlent des vaincus et des vainqueurs, très peu de vainqueurs et une masse de vaincus. Il y en a même qui sont exclus de toute concurrence, car ils sont déjà pauvres de naissance pour les individus qui n'héritent pas de la prospérité et sont dépourvus de maîtrise de la technologie pour les pays qui sont sortis du colonialisme et qui n'ont pas bien négocié, et tout cela dans un contexte qui ne favorise pas ceux qui sont dans cette situation. La concurrence divise et non pas unit, aussi bien à l'intérieur des Etats qu'entre les Etats et il n'y a qu'à faire le constat que la prospérité n'est pas un phénomène transfrontalier malgré ce que nous promettent les pays riches qui deviennent encore plus riches quand on rentre dans le système qu'ils ont unilatéralement choisi de mondialiser. En tout cas, on ne devrait pas oublier que le président Bouteflika, lui-même, a dit que la " mondialisation nous est imposée ". Le " nous" ne désigne pas que l'Algérie. Malheureusement, les ultra libéralistes ont créé une situation où il n'y a pas tellement une alternative à celle-ci. Ce ne sont pas les Etats du "tiers-monde " qui manifestent ou adhèrent au courant antimondialiste mais les opinions publiques structurées. La concurrence est une sorte de guerre commerciale qui a, avec la guerre militaire, bien des points communs. Dans une guerre économique, on ferme les entreprises qui déclarent faillite, et celles-ci sont fort nombreuses, et dans la guerre tout court, on détruit des usines à partir du ciel. Là, le résultat est le même, on détruit les instruments du développement, avec toutes les conséquences qui en découlent. Il ne faudrait pas occulter qu'il est plus facile de détruire que de construire et, pire encore, de reconstruire. On produit un chômage de masse dans les deux cas, et même parfois un retour à l'âge de pierre.