Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a appelé vendredi les nations européennes et les Etats-Unis à ne pas entraver les efforts des autorités japonaises, si celles-ci décidaient d'intervenir sur le marché des changes pour faire baisser la valeur de la monnaie nippone. En campagne pour être reconduit dans ses fonctions, M. Kan a également accusé la zone euro de laisser filer sa devise. "Nous travaillons (en lien avec les Etats-Unis et l'Europe) et leur demandons de ne pas exprimer d'avis négatif si nous décidions d'une quelconque action", a expliqué M. Kan, lors d'un débat. Le gouvernement japonais, par la voix de son ministre des Finances notamment, a agité à plusieurs reprises cette semaine la menace d'une intervention directe sur le marché des changes, par la vente massive de yens afin d'en faire chuter le cours vis-à-vis du dollar et de l'euro. Les autorités nippones n'ont pas agi de la sorte depuis mars 2004. Bien que les interventions sur le marché soient généralement perçues comme efficaces lorsqu'elles sont menées de façon simultanée par plusieurs nations, le gouvernement nippon n'espère pas le soutien direct d'autres pays, mais il implore leur compréhension. "Nous pouvons dire qu'actuellement la zone euro laisse s'affaiblir sa devise, tandis qu'aux Etats-Unis, le président Barack Obama souligne qu'il veut un doublement des exportations", a poursuivi M. Kan. "Dans ces circonstances, il est plutôt difficile d'exiger de leur part des efforts coordonnés" à l'égard du yen, a-t-il rappelé. Annoncé fin août, le plan de soutien du gouvernement japonais de 915 milliards de yens (8,5 milliards d'euros) adopté vendredi en Conseil de ministres prend aujourd'hui une dimension très politique. Destiné à créer 200 000 emplois, à aider plus particulièrement les jeunes diplômés et à soutenir les petites et moyennes entreprises, il vise tout à la fois à contrer les effets négatifs de la déflation, à enrayer la hausse du yen et à relancer la consommation. Il sera financé via un fonds de réserves provisionné sur l'année budgétaire 2010-2011, a précisé le premier ministre, Naoto Kan.