Tout est bon pour qu'une mémoire millénaire ne disparaisse pas au gré du passage du temps. Une famille targuie a eu d'ailleurs dans ce sens l'idée de créer une entreprise artisanale dénommée Assaghène, littéralement liens, pour perpétuer cette mémoire qui nous rassemble avec certains pays d'Afrique. Implantée au quartier Assorro "lamaalmine", un repère de l'âme culturelle de la ville de Tamanrasset, Assaghène, qui est la plus ancienne coopérative familiale d'artisanat traditionnel targuie, s'est imposée au fil du temps, grâce à la persévérance et la passion que portent ses membres à ce noble métier, comme les représentants majeurs d'une tradition menacée de disparition. Cinq familles, toutes ayant des liens de parenté entre elles, se sont constituées en coopérative artisanale, spécialisée dans la fabrication de bijoux targuis, d'outils domestiques en bois et dans les travaux de cuir. Dans des ateliers de fortune, à l'aide d'outils traditionnels où le travail manuel est fortement sollicité, de jeunes artisans, tous issus de la même famille, s'attèlent à la tâche, pour honorer des commandes de bijoux targuis. Tout en continuant son travail sur une bague d'argent, en s'efforçant de sculpter le motif exigé dans la commande, M'riouet Mohamed, âgé de 29 ans, a expliqué les secrets de cette activité qui a tendance à connaître une renaissance dans la région. Il a soutenu que cette coopérative dont Assaghène, fait travailler plus de 40 personnes ayant hérité leur savoir-faire d'une tradition familiale. Les M'riouet, Benabdellah, Bidari, Fayçal et Dakhouche ont fédéré leurs efforts pour bâtir cette coopérative artisanale qui possède, désormais, une renommée nationale et même internationale, raconte le jeune M'riouet. "Nous avons participé à plusieurs expositions aux Etats-Unis d'Amérique, en Grande-Bretagne, en France et au Portugal", a-t-il dit pour illustrer le niveau de maîtrise atteint par les artisans de cette coopérative datant d'avant 1990. "Il n'y a pas que le gain commercial qui motive l'activité d'Assaghène, car les familles, qui avaient fédéré leurs moyens dans cette œuvre, avaient comme objectif de perpétuer les traditions targuies et empêcher qu'elles disparaissent", souligne-t-il, ajoutant que "l'effort est orienté actuellement pour apporter une touche nouvelle aux bijoux targuis, tout en gardant l'authenticité de leur cachet". Assaghène, une coopérative familiale qui ne doit sa réussite qu'à la volonté de ses membres, compte mettre les moyens pour aller "le plus loin possible" dans sa quête de mettre à l'abri une partie de la mémoire de cette région.