La faim dans le monde a reculé à 925 millions de personnes sous-alimentées, pour la première fois depuis quinze ans, indique la FAO le 14 septembre. C'est un chiffre "inacceptable" dont "il n'y a vraiment pas lieu de se réjouir", a toutefois souligné son directeur général, Jacques Diouf. Le continent africain est l'un des plus frappés par la malnutrition. 239 millions d'habitants de l'Afrique sub-saharienne ne mangent pas à leur faim. L'étude a été réalisée avant la toute récente flambée du cours des matières premières agricoles. Si les gouvernements et les organisations internationales ne redoublent pas d'effort, l'année 2011 pourrait voir la barre du milliard d'affamés de nouveau atteinte, prévient la FAO. "Toutefois, avec la mort d'un enfant toutes les 6 secondes pour des problèmes liés à la malnutrition, la faim reste la plus grande tragédie et le plus grand scandale au monde", affirme le Directeur général de la FAO, Jacques Diouf. "C'est absolument inadmissible". Avec ces niveaux élevés de faim dans le monde, il est extrêmement difficile d'atteindre non seulement le premier Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) mais également tous les autres, avertit M. Diouf. "La réalisation des objectifs de réduction de la faim convenus par la communauté internationale est gravement menacée", ajoute-t-il, faisant remarquer que les récentes hausses des prix alimentaires, si elles persistent, pourraient entraver les efforts de réduction de la faim. "Des mesures vigoureuses prises d'urgence par les nations et le monde entier se sont avérées efficaces pour stopper l'escalade des chiffres de la faim", indique le Directrice exécutive du PAM, Mme Josette Sheeran. "Mais ce n'est pas le moment de baisser la garde. Nous devons maintenir l'élan pour garantir la stabilité et protéger la vie et la dignité de l'homme". Les nouveaux chiffres de la faim figurent dans le rapport phare, l'Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde (SOFI), qui paraîtra sous l'égide de la FAO et du PAM en octobre. Ils sont publiés à la veille du Sommet de New York, convoqué du 20 au 22 septembre pour accélérer les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, le premier étant d'éliminer la pauvreté et la faim. En mai dernier, M. Diouf a lancé la campagne 1billion hungry visant à inciter les dirigeants mondiaux à prendre d'urgence des mesures énergiques pour éliminer la faim. Plus d'un demi-million de personnes ont déjà signé la pétition en ligne exhortant les politiques à mettre la réduction de la faim au premier plan de leurs priorités. Un million de personnes devrait l'avoir signée d'ici la fin de l'année. La baisse du chiffre de la faim dans le monde, en 2010, s'explique en grande partie par la reprise économique attendue cette année - en particulier dans les pays en développement - et par le recul des prix alimentaires depuis mi-2008. Leur récente augmentation, si elle persiste, entravera les efforts de réduction de la faim. Sur les huit Objectifs du Millénaire pour le développement convenus par l'ONU en 2000, l'OMD1 s'engageait à réduire de moitié le pourcentage d'affamés de 20 à 10% d'ici 2015. Mais à cinq ans de la date butoir, ce pourcentage est toujours de 16%. En 1996, un Sommet mondial de l'alimentation avait fixé pour la première fois l'objectif quantitatif de réduire le nombre d'affamés d'environ 800 millions en 1990-92 à quelque 400 millions en 2015. Pour atteindre ce but, il faudrait faire baisser ce nombre de plus de 500 millions au cours des cinq prochaines années. Le fait que le nombre de personnes sous-alimentées continue à augmenter même en période de forte croissance et de prix relativement bas indique que la faim est un problème structurel, souligne la FAO. Il est, par conséquent, manifeste que la croissance économique, bien qu'essentielle, ne suffira pas à éliminer la faim dans des délais acceptables, ajoute la FAO. "Cependant, on constate nombre de réussites en Afrique, en Asie et en Amérique latine, réussites qu'il faut encourager et étendre", souligne M. Diouf. A l'échelle mondiale, en 2010 la faim a marqué un déclin de 9,6 pour cent par rapport à 2009. Cette réduction est essentiellement le fait de l'Asie qui affiche une baisse des personnes sous-alimentées de 80 millions cette année. En Afrique subsaharienne, la baisse est nettement moins importante - quelque 12 millions - et une personne sur trois continuerait à souffrir de la faim. Notons néanmoins que pas moins de 7 pays (Bangladesh, Chine, République démocratique du Congo, Ethiopie, Inde, Indonésie et Pakistan) regroupent les deux tiers des affamés de la planète. La région déplorant le plus grand nombre de personnes sous-alimentées reste l'Asie et le Pacifique avec 578 millions et c'est en Afrique subsaharienne que le pourcentage de personnes sous-alimentées demeure le plus élevé avec 239 millions de personnes en 2010, soit 30%. Les progrès varient considérablement d'un pays à l'autre. En 2005-2007 (la période la plus récente pour laquelle on dispose de données complètes), en Afrique subsaharienne, le Congo, le Ghana, le Mali et le Nigéria avaient déjà atteint l'OMD 1, alors que l'Ethiopie et d'autres n'en sont pas loin. Cependant, en République démocratique du Congo, le pourcentage d'affamés grimpait à 69%. Par ailleurs, en Amérique latine et aux Caraïbes, le Guyana, la Jamaïque et le Nicaragua onnt atteint l'OMD 1 alors que le Brésil s'apprête à le faire.