En réponse aux revendications formulées par les syndicats en France sur les réformes portant sur la retraite, avant-hier soir, le chef du gouvernement français avait dit que lorsqu' on gère la France, il faudrait parfois savoir dire " non ". Pour ce qui nous concerne, pour ce qui a trait aux revendications portant sur la retraite, nous n'en sommes pas encore là. Par contre, pour ce qui concerne les augmentations salariales, nous y sommes plein dedans. Il fut un temps où le pouvoir d'achat n'était pas lié aux augmentations salariales, mais au gel des prix fixés administrativement. Une question se pose. Il s'en posera tout le temps de toute façon, sans tenir compte des affinités politiques et des convictions doctrinales en matière économique. Comment évaluer les niveaux supérieurs des possibilités de l'Etat à donner entière satisfaction aux revendications des travailleurs et comment évaluer les niveaux planchers de la fixation par les travailleurs des accords financiers avec leur tutelle ? Quel seuil financier au-delà duquel les pouvoirs publics diront non aux travailleurs et en déça duquel ce seront les travailleurs qui diront non aux pouvoirs publics ? Que le pouvoir a pour préoccupation de prendre en charge les revendications des travailleurs, cela ne peut pas être mis en doute. Mais, la question ne se pose pas de savoir comment fera le pouvoir pour satisfaire ces revendications, mais à quel niveau de satisfaction des revendications salariales serait susceptible de se construire un compromis. Il est vrai que dans tous les pays du monde, y compris surtout dans les pays dit développés, le pouvoir d'achat est toujours perçu comme ayant lourdement chuté, mais " comparaison n'est pas raison " et ce n'est pas parce que cela se passe également ailleurs qu'il faudrait faire l'économie d'une réflexion à la fois préventive et curative, c'est-à-dire, en somme, une thérapie qui n'est pas exclusivement fondée sur une vision du refus. Si on a coutume de dire que l'argent est le nerf de la guerre, on peut dire qu'aujourd'hui, le pouvoir d'achat est celui autour duquel s'articulent les nouvelles guerres sociales. Quels sont les facteurs qui déclenchent l'explosion ? C'est certainement une réponse à apporter par la prise en charge de la recommandation présidentielle qui consiste à prévenir et traiter les facteurs d'apaisement pour que ne survienne pas la crise. Il s'agirait donc d'agir en amont des crises. Aujourd'hui que les mouvements de grève se généralisent pratiquement, qu'ils risquent de ne pas concerner uniquement le corps de la Fonction publique, il apparaît que les pouvoirs publics n'ont pas su communiquer, convaincre, et il paraît également que la grève organisée, dans l'ampleur qui est la sienne, confère une quelconque représentativité aux syndicats qui l'ont encadrée, et donc une certaine légitimité. Peut-être faudrait-il reconsidérer les critères de représentativité des syndicats pour qu'un pacte social concerne tous les travailleurs et que s'établisse enfin une paix sociale, un apaisement notable sur le front social et que soit en conséquence durable la période de validité de la mobilisation de tous les efforts en vue de transformer le pacte social en pacte de croissance économique.