Les travaux de la 1ère conférence nationale dédiée au regretté écrivain Tahar Ouettar ont débuté, mercredi après-midi, au théâtre régional Azzedine Medjoubi, à Annaba, en présence d'hommes de lettres et d'universitaires ainsi que d'invités de divers horizons professionnels. Ouvrant cette manifestation, le poète Driss Boudhiba, également directeur de la culture, a mis l'accent sur les qualités du défunt qu'il a qualifié de "personnalité intellectuelle et militante distinguée qui a consacré sa vie à la création" et sur "la dimension de son oeuvre". Resté fidèle à ses idées, l'auteur de "Noces de mulet" a laissé dernière lui un legs important d'oeuvres, traduites dans plus de quatorze langues, a-t-il ajouté, avant de céder la parole à d'autres intervenants qui ont fait part de témoignages sur le parcours littéraire et la personnalité du défunt. Une vingtaine d'hommes de lettres et d'enseignants, dont certains ont côtoyé Tahar Ouettar, se sont ainsi succédé à la tribune pour insister sur la nécessité de valoriser l'£uvre de cet écrivain disparu afin d'en faire profiter les générations montantes. Ils ont également évoqué les réalisations du défunt, notamment la création de l'Association El-Djahidhia qu'il a été érigée en tribune de dialogue libre et de création. Les oeuvres de Tahar Ouettar ont une "dimensions sociale, culturelle et politique", a estimé dans ce cadre le journaliste Mohamed Zaoui qui l'avait côtoyé dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Auparavant, le "Trophée culturel" de la wilaya de Annaba avait été remis à la soeur du défunt Tahar Ouettar, en hommage à cet intellectuel et en reconnaissance de la richesse de son oeuvre. L'itinéraire littéraire de Tahar Ouettar, ses positions culturelles et intellectuelles, son expérience dans le journalisme ainsi que d'autres thèmes liés à sa personnalité ont été mis en avant au cours des travaux de cette conférence nationale de deux jours. Tahar Ouettar est né à Sedrata un petit village de l'Est algérien en 1936. Il disait d'ailleurs, à ce propos, comme dans une oeuvre biographique : " Je suis né dans un douar de la campagne, d'une famille qui comptait quatre garçons, mon père en a mis deux à l'école de langue française, deux à l'école en langue arabe. J'ai vécu dans la pureté, de l'existence, nourri du spectacle des collines sur lesquelles tombait le crépuscule, jouant de la flûte derrière les brebis et les oies. J'ai été témoin de l'herbisme. Ma mère accouchant toute seule, ma mère encore montant la garde la nuit sur le toit. J'ai saisi le sérieux de la nature et des hommes qui m'entouraient. Dans le Coran que j'apprenais par cœur, j'ai reconnu l'éloquence et la beauté. Ceci se passait avant la Révolution ; depuis d'autres facteurs sont venus enrichir ma personnalité ". Il s'installe après à M'daourouch , où il a vécu la meilleure période de son parcours. " Là, il a découvert une autre société, des vêtements et une langue étranges et une autre façon de vivre. Il se mit à méditer tout en apprenant ou en enseignant le Saint Coran ". Il rejoint ensuite l'école de l'association des Ulémas qui a ouvert en 1950, et il se distingue parmi les meilleurs élèves. Après l'école de cette période, les études le conduisent successivement à l'Institut Ben Badis de Constantine puis à la Zitouna de Tunis (début 1954) . Durant les années 50, il adhère au socialisme en lisant les récits épiques. Fin des années 80, au moment où notre théâtre connaissait son apogée, l'une des œuvres devenue phare de Tahar Ouettar a été adaptée au théâtre : Il s'agit de "Les martyres reviennent cette semaine", une pièce montée par Ziani Cherif Ayad avec Sonia et qui a tourné, des années durant, dans nos salles en raflant même un prix au festival de Carthage. Pour le cinéma, il y a eu l'adaptation de Noua, inspirée de Dukhan fi Qalbi (fumée dans mon cœur)qui fut adaptée à un film produit par la télévision algérienne et a reçu plusieurs prix. Sa pièce théâtrale Al Harib, s'est produite au Maroc et en Tunisie. Parmi les plus connues de ses œuvres, il y a " Noces de mulet " Roman, (Beyrouth 1980), Expérience amoureuse - Roman Alger 1989, Aimer et mourir à l'ère harrachite - Roman - Alger 1978, La Bougie et les cavernes, Roman Alger 1995 etc . Son parcours d'écrivain a commencé en 1955, avec la publication de nouvelles dans la presse tunisienne. Son premier roman "L'as", qui a connu un immense succès, est paru en 1971, inaugurant ainsi une série d'ouvrages littéraires. Il a présidé depuis 1989 l'association culturelle Al-Jahidhya et a continué à le faire malgré la détérioration de son état de santé, ces dernières années. Ancien directeur général de la Radio nationale, le défunt a été également journaliste dans plusieurs journaux d'expression arabe comme Echaib. En 2005, il reçoit le prix Sharjah de la culture arabe par le comité exécutif de l'Unesco qui correspond à pas moins de 25 000 dollars.