C'est aujourd'hui que le très convoité prix Nobel de littérature sera décerné par l'Académie suédoise à 11h GMT à Stockholm. Et comme chaque année à la même période depuis près de dix ans , le nom de l' "Immortel " le algérienne Assia Djebar est porté sur la longue liste des nobélisables. D'ailleurs dans la presse française, les paris ont été ouverts il y a quelques semaine, et les spéculations sont de toutes natures. A côté de l'écrivaine algérienne Assia Djebbar on retrouve un revenant, le poète syro-libanais Adonis et le Nigerian Chinua Achébé qui est considéré comme l'un des pères du roman africain moderne. Après le Prague Writers' Festival (5-10/06) où Assia Djebar était conviée à une lecture et à une discussion sur l'esclavage, l'écrivaine a fait l'objet d'une journée d'étude intitulée "Conversation avec l'œuvre d'Assia Djebar" à Paris (26/06). Sur les vingt derniers prix on constate que l'Académie Nobel a récompensé onze Européens, si on considère que le Turc Pamuck est Européen, trois Africains, quatre Américains en prenant en considération le lieu de naissance et non de vie et d'expression de Naipaul, et deux asiatiques. Il serait donc juste de penser que, d'un point de vue purement " géolittéraire ", le prochain prix serait choisi sur le continent asiatique, africain ou océanien. On peut aussi prendre en compte la langue d'expression de ces auteurs et dans ce cas on constate que sur vingt primés, huit sont anglophones, deux sont hispanophones et deux de langues slaves. On pourrait peut-être en déduire aussi que les chances des candidats anglophones s'en trouvent quelque peu écornées. Si l'on considère le genre littéraire mis à l'honneur à travers les vingt derniers Prix Nobel, on remarque que le roman a été récompensé quatorze fois, la poésie quatre fois et le théâtre deux fois. Mais le théâtre a été récompensé assez récemment à travers Harold Pinter en 2005 alors qu'il faut remonter à 1996 pour trouver un prix honorant la poésie à travers Szymborska. On ne parle pas de la rhétorique qui n'a récompensé que le seul Churchill et qui semble être oubliée par l'Académie, volontairement peut-être ? Il convient aussi de considérer que les femmes n'ont été honorées que cinq fois au cours des vingt dernières années mais que le dernier prix a été remis à Doris Lessing qui est une grande dame de la littérature anglaise. Privilégiera-t-on l'alternance ou le nombre de prix remis ? Les statistiques plaideraient donc en faveur d'un poète non anglophone qui serait issu de la littérature africaine ou asiatique. Les grands favoris boudés par l'Académie Nobel, après les décès récents de Jaan Kross et d'Hugo Claus restent Milan Kundera, encore un romancier européen, Joyce-Carol Oates et Philip Roth, tous deux romanciers américains, Mario Vargas Losa, romancier hispanophone, Amos Oz, romancier israélien et quelques outsiders comme Cess Noteboom, romancier néerlandais, Carlos Fuentes, romancier mexicain, Tomas Tranströmer, poète suédois, Salman Rushdie, romancier d'origine indienne et de langue anglaise. La liste est élargie au Hongrois Peter Esterhazy, à l'Italien Tabucchi qui sont tous les deux aussi des romanciers. Quand on sait que l'Académie suédoise est surprenante surtout après le Nobel de la paix 2009 attribué de façon controversé au président des Etats-Unis Barak Obama, les pronostics ne servent sans doute qu'à spéculer sur la véritable ligne d'une Académie prestigieuse.