Pour la troisième fois consécutive, l'auteur algérienne d'expression française, Assia Djebbar est citée comme la grande favorite du Nobel de littérature 2009, consécration suprême d'un écrivain et même du pays dont il est originaire. Très convoités par les maisons d'éditions autant que par les auteurs et les Nations, les pronostics sur les éventuels lauréats ont d'ores et déjà commencé et les bookmakers citent à peu près les mêmes favoris que ceux de 2008 : En tête on retrouve comme l'an dernier Amos Oz, avec une cote de 5 contre 1, le romancier israélien est suivi de près par Assia Djebbar (membre de l'Académie française) et l'Américaine Joyce Carol Oates, toutes deux à 6 contre 1. Juste derrière elles figure Philip Roth (8/1), dont vient de paraître le très beau " Exit le fantôme " (Gallimard) ; puis un autre favori de l'édition 2008, le Syro-Libanais Adonis (9/1), qui s'est déplacé l'an dernier à Alger où il a animé une mémorable conférence sur la situation des arabes dans le monde. Un peloton de cinq auteurs suit, à 10 contre 1. Il est composé d'Antonio Tabucchi, Claudio Magris, Thomas Pynchon, Haruki Murakami et Juan Goytisolo, dont la cote s'effrite depuis quelques jours. Après le Nobel attribué l'an passé à Le Clézio, les écrivains français ont vu sans surprise leur cotation chuter. Yves Bonnefoy, souvent cité les années précédentes, est à 17/1, tandis que Michel Tournier et Patrick Modiano sont à 101/1.Si les rumeurs du milieu littéraire suédois donnant cette année comme lauréat un poète se confirment, la cote du Suédois Tomas Tranströmer, actuellement à 13/1, pourrait remonter. Deux éléments jouent en sa faveur. Tout d'abord aucun poète n'a été primé depuis la Polonaise Wislawa Szymborska, en 1996. Ensuite, les Suédois n'ont plus obtenu de récompense depuis l'attribution conjointe du prix à Eyvind Johnson et Harry Martinson, en 1974.En 2008, Le Clézio était parti deux semaines avant l'attribution du prix avec une cote de 14/1 avant d'atteindre un joli 2/1 à quelques heures du vote. Rendez-vous est pris pour jeudi 8 octobre à 13 heures pour connaître le lauréat du Nobel 2009. Ce dernier empochera la somme de 10 millions de couronnes, soit 980 000 euros, lors d'une cérémonie qui aura lieu le 10 décembre à Stockholm. Assia Djebbar, une auteur consacrée Des noms circulent donc déjà et pour la troisième fois depuis 2007, Assia Djebbar revient dans les pronostics, et rien que cette probabilité confère en soi un certain honneur et au pays et à la première maghrébine à avoir accédé il y a trois ans au fauteuil élogieux de l'académie française. Même si ses livres sont selon les libraires d'Alger peu vendus, Fatima-Zohra Imalayène alias Assia Djebbar demeure une auteur connue ayant exploré tous les territoires littéraires, du roman à la poésie en passant par l'essai, le théâtre, l'histoire et même la réalisation cinématographique. Consacrée à plusieurs reprises par des organismes étrangers pour ses écrits et engagements en faveur des libertés des femmes et de la paix dans le monde, Assia Djebbar est une référence dans l'univers littéraire relativement jeune de notre Nation. Elle se définit comme étant une écrivaine qui s'est nourrie aux mamelles d'une culture double, arabe et occidentale : "Ayant reçu mon éducation scolaire dans une institution francophone, j'ai étudié le grec et les langues latines, qui constituèrent dès lors une influence majeure dans mon évolution intellectuelle. Malgré cela, mon affect a toujours été directement lié au monde arabe, à ses traditions, tant sociales que culturelles. Je sais aujourd'hui qu'on peut écrire dans une langue étrangère, l'intégrer à notre imaginaire sans pour autant rompre avec ses racines", explique-t-elle. Femme de caractère, une battante, Assia Djebbar passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l'école française puis dans une école coranique privée. Jamais notre pays n'a eu le privilège de recevoir le Nobel dans n'importe quelle discipline qui soit, et le fait qu'Assia Djebbar soit nobélisable est déjà une consécration en soi. Bien sûr qu'il n'y a pas qu'elle qui soit citée parmi les favoris, puisque d'autre noms de grands écrivains circulent sans pour autant que ça soit sûr. Les supputations qui accompagnent les périodes des prix littéraires se démontent à chaque fois, parce qu'il faut plus qu'une renommée internationale pour rafler le Nobel qui couronne chaque année un auteur pour un fait conjoncturel ou sacré selon la ligne établie pendant une période par l'académie elle-même. Ce que l'on ne peut pas savoir, c'est cette ligne justement qui prend en compte la création littéraire elle-même bien sûr et aussi , l'âge, le sexe, les engagements, les pays ou les continents d'origine, le genre littéraire (poésie ou autre), la langue etc…. Le Nobel a été dans ce sens à chaque fois une surprise comme en 2007 lorsque le nom de la romancière britannique Doris Lessing fut divulgué alors qu'elle faisait ses courses et alors qu'elle avait plus de 80 ans. La romancière la plus âgée à recevoir ce prix. Rebouh H.