Les cours des m atières premières sur les principaux marchés commerciaux continuaient d'être portés par la faiblesse croissante du billet vert. Une dépréciation de la monnaie américaine rend plus attractifs les achats de matières premières libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Le dollar est tombé jeudi jusqu'à 1,4029 dollar pour un euro, son niveau le plus faible depuis huit mois, et vendredi jusqu'à 81,77 yens, un niveau inédit depuis fin avril 1995, plombé par un regain d'inquiétudes sur la vigueur de la reprise américaine. Les prix du pétrole ont fini la semaine sur un net rebond en fin d'échanges européens, aidés par un dollar faible après la publications de chiffres de l'emploi pires qu'attendu aux Etats-Unis et des tensions sur l'offre alimentées par une grève en France. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait à 84,03 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres, contre 83,32 dollars une semaine plus tôt. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance montait à 82,71 dollars, contre 81,10 dollars, vendredi précédent. Les prix de l'or et de l'argent ont étincelé cette semaine, enregistrant record sur record, toujours soutenus par le repli de la monnaie américaine et par les inquiétudes sur la conjoncture, tirant aussi le palladium à son plus haut niveau depuis plus de neuf ans. Les prix du métal jaune ont poursuivi cette semaine leur irrésistible progression vers de nouveaux records historiques, franchissant jeudi pour la première fois le seuil des 1350$ l'once, et montant jusqu'à 1364,77$ l'once, portés par l'affaiblissement persistant du dollar. "L'environnement macroéconomique reste médiocre, et cela ravive les spéculations sur les mesures d'assouplissement monétaire que pourrait prendre la banque centrale américaine (Fed)" pour aider l'économie, une perspective qui pèse lourdement sur le billet vert et soutenait les cours du métal jaune, notait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. En effet, une dépréciation de le monnaie américaine rend plus attractifs les achats d'or libellés en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. Par ailleurs, ces mesures de la Fed, qui se traduiraient par des injections de liquidités, "renforcent les risques d'inflation: l'or n'est donc pas seulement courtisé comme valeur alternative" face à la volatilité des devises ou des obligations d'État, "mais aussi comme un rempart contre l'inflation", précisaient les experts de Commerzbank. Les inquiétudes sur la conjoncture macroéconomique, la crainte d'une "guerre" de dévaluations entre les principales devises et les incertitudes croissantes sur les dettes publiques en zone euro continuent d'alimenter l'intérêt et une "demande robuste" des investisseurs spéculatifs pour l'or, résumait Suki Cooper, de Barclays Capital. Selon elle, l'or profite également de l'élimination par les grands groupes aurifères internationaux de leurs programmes de couverture (contrats de ventes à prix fixes conclus précédemment), afin de profiter pleinement de la montée des cours. Ainsi, AngloGold Ashanti, troisième producteur mondial d'or, a annoncé jeudi avoir achevé le rachat de l'ensemble de ses contrats de ventes à prix fixe pour quelque 2,6 milliards de dollars. Les cours de l'or ont cependant essuyé quelques prises de bénéfices enfin de semaine, se repliant sous le coup d'un rebond du dollar, avant de reprendre leur progression. L'argent a vu son prix poursuivre son envolée dans le sillage de celui de l'or, montant vendredi jusqu'à 23,48$ l'once, un niveau sans précédent depuis septembre 1980. Outre leur statut de métal précieux, "l'argent et les platinoïdes ont un usage industriel, qui signifient qu'ils profitent de la reprise de la demande industrielle mondiale et de l'envolée des prix des métaux de base", soulignaient les experts de Commerzbank. À l'image des autres métaux précieux, les platinoïdes ont fortement grimpé, le palladium atteignant jeudi 604$ l'once, son plus haut niveau depuis juin 2001, le platine montant quant à lui vendredi jusqu'à 1728$ l'once, au plus haut depuis mi-mai. Pour le cabinet spécialisé Johnson Matthey, "les gains des platinoïdes ont été tirés par un dollar meilleur marché, une demande industrielle robuste et des craintes persistantes sur la production d'Afrique du Sud", premier producteur mondial de platine toujours paralysée par un mouvement de grève. À l'image des autres métaux précieux, platine et palladium ont réduit leurs gains en fin de semaine. Les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont poursuivi cette semaine leur ascension, toujours soutenus par l'affaiblissement du dollar, l'étain bondissant même à un niveau sans précédent grâce à une réduction de l'offre sur le marché.