Les prix de l'or et de l'argent ont grimpé cette semaine à des niveaux record, soutenus par la demande des investisseurs spéculatifs sur fonds de baisse du dollar, et ont tiré dans leur sillage les cours du platine et du palladium. Les prix du métal jaune ont poursuivi cette semaine leur progression vers des niveaux sans précédent, battant record sur record et franchissant finalement vendredi le seuil des 1.300 dollars l'once, à la faveur d'un accès de faiblesse de la monnaie américaine. "L'or est poussé par une combinaison de facteurs, dont une forte demande des investisseurs spéculatifs (...), les achats de banques centrales en Asie désireuses de diversifier leurs fonds, et de manière plus générale, l'intérêt pour l'or comme +monnaie stable+" face à un marché des changes très agité ces derniers jours, résumait Daniel Briesemann, analyste de Commerzbank. Avec une valeur intrinsèque universellement reconnue et qui n'est adossé à aucun émetteur, l'or séduit les investisseurs confrontés à la volatilité des Bourses et des devises, mais aussi aux incertitudes redoublées sur les obligations d'Etat. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1297 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1274 dollars le vendredi précédent. L'argent a vu son prix s'envoler dans le sillage de celui de l'or, dépassant vendredi le seuil de 21,35 dollars l'once pour la première fois depuis mars 2008 pour s'aventurer à des niveaux sans précédent depuis trente ans. Il a ainsi monté jusqu'à 21,44 dollars, du jamais vu depuis septembre 1980. Il profitait à la fois de son statut de métal précieux et de son utilisation dans l'industrie (qui représentent plus de la moitié de la consommation mondiale d'argent), les investisseurs misant sur une reprise de la production industrielle en Chine comme aux Etats-Unis. "Certains commentateurs estiment que (le prix de) l'or pourrait entrer dans une bulle, et l'argent s'est attiré quelques fans parmi les investisseurs qui y voient une alternative à l'or, au point que le métal gris pourrait bien progresser plus vite que le métal jaune sur les prochaines semaines", estimait Michael Hewson, analyste de CMC Markets. Signe de l'appétit des investisseurs, le plus important fonds coté spécialisé dans l'argent, l'américain iShares Silver Trust, a vu le niveau de ses participations bondir de 355 tonnes métriques depuis début septembre, pour atteindre 9.583 tonnes, un record depuis la création du fonds en 2006. Le métal gris a terminé à 21,35 dollars l'once au fixing de vendredi, contre 20,85 dollars une semaine auparavant. A l'image des autres précieux, les métaux platinoïdes ont eux aussi connu de très vives progressions, le palladium grimpant même vendredi à plus de 1.648 dollars la tonne, son plus haut niveau depuis mi-mai. "Le platine et la palladium sont soutenus par l'envolée de l'or, et par un afflux d'argent" des investisseurs sur l'ensemble des métaux précieux, notait Ted Arnold, analyste spécialisé associé à la société financière Ambrian. "Cependant, le marché des platinoïdes attend de nouvelles impulsions, venant des industries automobiles aux Etats-Unis, en Chine et en Europe ou de la bijouterie, avant de progresser encore plus avant", estimait-il. De leur côté, les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont accentué leurs gains cette semaine, profitant d'un accès de faiblesse du dollar, dans un marché soutenu par des fondamentaux de l'offre et de la demande solides, seul le nickel reprenant un peu son souffle. Comme la semaine précédente, les cours des métaux de base ont été portés par un net affaiblissement du billet vert, rendant plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises, notaient des analystes. En effet, le dollar est tombé vendredi face à l'euro son niveau le plus bas depuis le 20 avril, égalant face au franc suisse son record de faiblesse atteint en mars 2008, au plus fort de la crise économique mondiale et avant l'entrée en récession des Etats-Unis. Le dollar était plombé par les commentaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) mardi, qui a montré qu'elle était prête à injecter de nouveau des liquidités sur les marchés pour soutenir la trop faible reprise de la première économie mondiale. Par ailleurs, les fondamentaux du marché continuent de soutenir les cours, "notamment de ceux touchés par des tensions sur l'offre, comme le cuivre", commentait Gayle Berry, analyste chez Barclays Capital. Ainsi, "nous subodorons que les militants de la hausse des cours sont très satisfaits de l'état du marché ces jours-ci: la demande chinoise progresse, (...) et dans les pays occidentaux, les craintes de voir l'économie mondiale retomber en récession, omniprésentes au mois d'août, se sont dissipées", expliquait Ed Meir, de MF Global. Le CUIVRE, baromètre du marché, a atteint vendredi 7990 dollars la tonne, son niveau le plus haut depuis le 15 avril, porté par des tensions persistantes sur l'équilibre de l'offre et de la demande.