Les prix du pétrole sont revigorés par les prévisions de l'AIE. Ainsi, les prix du pétrole ont ouvert en nette hausse hier à New York, en réaction, avec retard, aux nouvelles prévisions de l'Agence internationale de l'Energie pour la future demande d'or noir. VERS 13H10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre s'échangeait à 73,52 dollars, en progression de 1,75 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Le marché poursuivait sur la tendance élaborée la semaine précédente, au cour de laquelle le baril avait gagné près de deux dollars, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, aidé en cela par le recul du dollar et la hausse des marchés boursiers en Europe. Les prix "continuent d'avancer sur des attentes de redressement de la demande, et même de croissance de la demande l'année prochaine", a expliqué Andy Lipow. Le marché réagissait à retardement au rapport de l'Agence internationale de l'Energie qui a rehaussé ses prévisions de consommation d'or noir en 2010. Pour cette année, l'Agence prévoit désormais un recul de la demande d'or noir de -1,9% sur un an alors qu'elle tablait sur une chute de - 2,2% dans son précédent rapport mensuel. La consommation de pétrole devrait ainsi atteindre 84,6 millions de barils par jour (mbj) en 2009, soit 200'000 b/j de plus que prévu précédemment. "Les gens regardent (le rapport) d'un peu plus près aujourd'hui. L'AIE a relevé ses prévisions de demande pour l'année prochaine pour le troisième mois consécutif, les investisseurs se disent que cela devient significatif", a ajouté Andy Lipow. L'AIE a justifié ces prévisions en arguant du fait que le rythme de contraction de l'économie donnait des signes de ralentissement même si de fortes "incertitudes" demeuraient. L'impact du rapport vendredi avait été limité par des prises de bénéfices et le rebond du dollar, qui renchérissait les prix des matières premières libellées dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises. "Si l'évolution des prix semble s'être installée dans une fourchette entre 65 et 75 dollars, tout mouvement au-dessus des 75 dollars se fera en fonction d'une amélioration durable dans la demande de pétrole mondiale et son impact sur une diminution de l'excédent de stocks", a prévenu Amrita Sen, de Barclays Capital. Sur les marchés européens, à 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre prenait 1,07 dollar par rapport à la clôture de la veille à 71,07 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE). A la même heure, le brut léger texan (WTI) pour la même échéance gagnait 1,02 dollar à 72,79 dollars sur le New York Mercantile Exchange. "Les prix ont remonté, dans la foulée de la semaine précédente où ils avaient repassé au dessus de 70 dollars, le principal moteur de cette hausse étant une fois encore le regain d'optimisme sur l'économie mondiale", commentaient les analystes de JBC Energy, qui soulignaient l'impact de la hausse des taux par la banque centrale australienne et des déclarations de Bernanke jeudi. Le patron de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a laissé entendre que les taux d'intérêts américains pourraient être augmentés. "Quand les perspectives économiques se seront améliorées suffisamment, nous serons prêts à resserrer la politique monétaire pour ramener finalement notre bilan à une configuration plus normale", a-t-il déclaré. Le baril regagnait aussi du terrain dans la foulée d'une nouvelle dépréciation du billet vert: le dollar, qui avait commencé les échanges asiatiques en hausse, reculait à l'ouverture européenne et, partant, rendait plus attractives les matières premières libellées en dollars. Dépendant du billet vert, le sentiment d'aversion au risque pourrait connaître de fortes turbulences cette semaine avec des résultats de banques américaines, les minutes de la dernière réunion de la Réserve fédérale et des statistiques sur les ventes de détail et la production industrielle en septembre aux Etats-Unis. Si ces chiffres étaient inquiétants, l'aversion au risque remonterait, le dollar repartirait à la hausse et le baril de pétrole à la baisse. A l'inverse, des chiffres rassurants pourraient pousser le baril vers le haut, un mouvement qui serait alors amplifié par la faiblesse du billet vert, caractéristiques du retour du goût du risque sur les marchés. En effet, le brut bénéficie également d'un rôle de valeur-refuge par rapport à la baisse du dollar: de peur que la baisse de la monnaie américaine ne déprécie leur patrimoine, les investisseurs ont privilégié les actifs dotés d'une valeur intrinsèque, comme le pétrole et l'or. Le précieux métal a ainsi aligné les records historiques et touché un pic au dessus de 1060 dollars l'once. Synthèse S.G.