Intervenant hier lors de la session plénière de la 65e Assemblée générale de l'ONU consacrée aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, a exprimé son sentiment d'urgence devant la situation actuelle, déclarant que les huit objectifs élaborés, il y a dix ans, seront compromis si la croissance mondiale ne reprend pas. ''Mon message principal d'aujourd'hui est que tout repose sur le rétablissement d'un équilibre durable de la croissance mondiale. Sans cela, tous les autres efforts visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement seront compromis. Nous allons marcher à contre-courant de l'eau qui avance rapidement'', a-t-il alerté. Les crises économique, alimentaire et énergétique nous ont fait perdre l'élan acquis pendant la décennie précédente, précipitant 70 millions de personnes de plus dans la pauvreté d'ici à 2020, tandis que bien d'autres connaîtront le chômage, a déploré M. Strauss-Khan. Le patron du FMI a regretté que des années de progrès soient perdues et que l'élan engagé mondialement ait déraillé. Pour lui, toutes les forces du monde doivent redoubler d'effort face à cette immense souffrance humaine. Afin de retrouver l'élan, le directeur général du FMI a appelé à un ''sentiment de responsabilité partagée'' entre les différentes parties : les pays en développement eux-mêmes, les économies avancées et les institutions internationales. Sur ce point, il a suggéré que les économies avancées, et même les principaux marchés émergents, doivent se concentrer avant tout sur l'obtention d'une reprise durable de la croissance. Ainsi les signes de l'espoir sont toujours en existence puisque, selon les prévisions du FMI et la Banque mondiale, une action concertée par les grandes économies de la Planète pourrait produire une croissance réelle mondiale par son renforcement de 2,5% sur cinq ans, la création de 30 millions de nouveaux emplois, afin de sauver 33 millions de personnes de la pauvreté. Les pays en développement peuvent s'aider eux-mêmes avec le soutien des institutions financières internationales, a-t-il fait remarquer. Bien entendu, a indiqué M. Strauss-Kahn, le FMI est prêt à assumer ses responsabilités, comme il l'a prouvé ces deux dernières années en accordant des prêts sans intérêt aux pays les plus démunis et en réajustant les conditions d'octroi de l'aide financière, que beaucoup d'États jugeaient trop restrictives. Les Nations unies et le FMI ont des objectifs communs qui ont pris forme dans un monde en ruines, a-t-il ensuite affirmé. Pour le directeur général du FMI, '' nous ne pouvons plus commettre les erreurs du passé et nous devons veiller à l'avènement d'un monde juste et prospère. Aujourd'hui se présente l'occasion de prendre un nouveau départ en faveur d'un monde libéré de la pauvreté'' , a-t-il conclu. D'un autre côté, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré que "Malgré les obstacles, malgré le scepticisme, malgré l'approche rapide de la date butoir de 2015, les OMD sont accessibles". Ainsi le secrétaire général de l'ONU a résumé une décennie de travail pour la concrétisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), lancé en 2000, lors de l'ouverture, lundi passé, du sommet mondial, qui examinera la pauvreté extrême, dont l'organisation est faite en marge de la 65e assemblée générale de l'ONU. Dans ce contexte, M. Ban Ki-moon, a appelé les dirigeants mondiaux à ne pas sacrifier l'aide internationale pour équilibrer leurs budgets, tout en exhortant les chefs d'Etat et de gouvernement présents à New York à mettre tout en œuvre pour réaliser les objectifs d'éradication de la pauvreté d'ici 2015. Or, selon les plus récentes données, les pays qui ont souscrit aux OMD sont encore loin du compte. Dans son allocution, Ban Ki-moon a déclaré que les progrès accomplis jusqu'à maintenant étaient fragiles tout en signalant que l'atteinte des huit objectifs du millénaire est encore possible. Par ailleurs, Ban Ki-moon a conclu sa communication en annonçant une nouvelle stratégie d'appui aux OMD fixés. ''Je lancerai mercredi une Stratégie mondiale pour la santé des mères et des enfants, qui est notre meilleure chance d'obtenir des effets multiplicateurs pour la réalisation de tous les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), sans exception'' , a-t-il finalisé sa contribution. Pour assurer le financement adéquat des OMD, le président français Nicolas Sarkozy a appelé les nations présentes à adopter sur le champ une taxe universelle sur les transactions financières. Une source de ''financement innovant'' derrière laquelle se rangent plusieurs pays, dont la France, le Chili, la Norvège et le Brésil. Plusieurs autres pays, les Etats-Unis en tête, s'opposent à cette source de financement. À cinq ans de l'échéance que s'est fixé la communauté internationale, pas moins de 207 orateurs au total - chefs d'Etat et de gouvernement, dirigeants d'organisations et d'institutions financières internationales et observateurs- ont répondu à l'invitation que leur a faite M. Ban Ki-moon pour venir débattre des moyens de consolider les progrès accomplis afin de réduire l'extrême pauvreté et la faim; assurer l'éducation primaire pour tous; promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes; réduire la mortalité infantile; améliorer la santé maternelle; combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies; préserver l'environnement, et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.