Dans le contexte actuel de taux bas et d'incertitude sur les marchés, Amundi estime qu'il existe une importante opportunité d'investissement sur la dette des pays émergents, qui devrait se confirmer dans les mois à venir. Selon Thomas Delabre, gérant de fonds spécialisés, la dette émergente a surperformé toutes les classes d'actifs depuis le début de l'année, à l'exception de l'or. Il estime que ce marché devrait attirer un flot croissant de liquidités. Selon JP Morgan, les flux sur les fonds de dettes émergentes ont atteint 56 milliards de dollars au cours des huit premiers mois de l'année et devraient s'élever à 70 milliards sur l'année entière 2010 et au moins autant en 2011, a-t-il précisé. La dette émergente est sous-représentée dans les portefeuilles. Il suffirait que les fonds de pensions américains passent d'une allocation de 0,3-0,5%, comme c'est le cas actuellement, à 1%, pour générer 550 milliards de dollars de flux sur cette classe d'actifs, a-t-il estimé. Contrairement aux pays développés, les pays émergents n'ont pas eu à financer le sauvetage de leur secteur bancaire et surtout ne sont pas dans une phase de désendettement, ce qui devrait soutenir leur dynamique de croissance, a-t-il poursuivi. Le FMI estime que, d'ici à 2015, la croissance des économies émergentes sera de 4% supérieure à celles des économies développées. Quant à la dette, elle devrait être en moyenne de 40% du PIB pour les premières et de plus de 100% pour les secondes. "Dans un environnement économique marqué par l'incertitude des marchés, et des niveaux de taux bas au sein des économies développées, les investisseurs qui cherchent du rendement se tournent vers la dette émergente", explique Thomas Delabre, cogérant du fonds Amundi Global Emergents. "La croissance économique des années 2000 s'est accompagnée, dans les pays émergents, d'un mouvement de maturité institutionnelle, réduisant le risque d'aléa politique. A cela s'est ajoutée une plus grande profondeur des marchés financiers locaux qui a ainsi réduit le risque de liquidité", poursuit le gérant. Et le rendement offert par certains émergents a de quoi attirer, malgré le risque de change. A cinq ans, le Brésil offre un taux de 11,7%, soit un spread de 1.010 points de base (pb) par rapport à l'Allemagne. La Turquie offre quant à elle 8,7% et l'Indonésie 7,3%. L'euphorie pourrait cependant être de courte durée. Face à la hausse des devises émergentes, nourrie entre autres par les entrées de capitaux sur les dettes souveraines, certains pays ont décidé d'agir. Mardi, la Thaïlande a approuvé une taxe de 15% sur les intérêts et les plus-values gagnés par les étrangers qui détiennent des obligations d'Etat thaïlandaises ou celles émises par des entreprises publiques et la Banque de Thaïlande. La semaine dernière, le Brésil avait fait de même relevant de 2% à 4%, l'impôt sur les opérations financières que devront acquitter les investisseurs non-résidents sur leurs investissements en obligations brésiliennes. Le real s'est envolé de 11,7% depuis fin mai face au dollar. Pas de quoi cependant refroidir les investisseurs. "Ces mesures ne devraient pas avoir d'impact, expliqueThomas Delabre, tant que les rendement offerts sont si élevés pour des fondamentaux solides". Amundi Asset Management, qui gérait 675,5 milliards d'euros fin juin, anticipe une évolution morose mais sans catastrophe de la conjoncture dans les pays développés, avec une croissance au ralenti, sans pour autant retomber en récession, et une inflation faible, sans aller jusqu'à la déflation. La société de gestion estime que les politiques monétaires aux Etats-Unis et en Europe vont rester "ultra-accomodantes", et n'anticipe pas de relèvement des taux directeurs avant le second semestre 2011 de la part de la Banque centrale européenne. Toutefois, en attendant une normalisation du crédit, les marchés d'actions, qui ont stagné depuis le début de l'année, devraient rester timides, malgré les bons résultats de sociétés. "Nous pensons qu'il y a encore un potentiel de hausse sur les marchés d'actions dans les trois à six mois, mais pour déclencher une véritable tendance, pour faire plus que 10% de hausse, il faudrait un carburant supplémentaire à la machine", a déclaré Patrick de Fraguier, qui déplore la faiblesse des flux de liquidités vers cette classe d'actifs risquée. "Nous n'arrivons pas à passer de l'appétence à l'appétit (au risque) malgré des résultats en forte hausse et des valorisations très attractives, a-t-il souligné, ajoutant que d'un point de vue de l'analyse chartiste, les marchés d'actions avaient du mal "à casser certains plafonds de verre."