Les marchés d'actions devraient susciter un regain d'intérêt des investisseurs en 2010 aux dépens des obligations, grâce au retour de la croissance à l'échelle mondiale et notamment aux Etats-Unis et dans les pays émergents, estime la société Carmignac Gestion. Alors qu'en 2009 la majeure partie des liquidités s'est orientée vers les emprunts privés, l'année à venir devrait voir un rééquilibrage, l'effet de levier des entreprises étant accentué par les réductions de coûts massives effectuées en 2009, via un nombre très important de destructions d'emplois. "Dès qu'on a passé l'année de destructions d'emplois, l'année suivante est très positive pour les marchés actions, puisqu'à ce moment-là, les entreprises ont réduit leurs coûts et la simple reprise d'activité, même ténue, a un effet de levier fort sur les résultats des entreprises", a souligné Frédéric Leroux, chargé de la gestion mondiale chez Carmignac, lundi lors d'une présentation sur la stratégie 2010 de la société. Sur les marchés d'actions, la société entend privilégier les entreprises liées à l'activité américaine ainsi que les entreprises des pays émergents qu'il estime encore sous-valorisées par rapport à celles des pays développés et qui devraient poursuivre leur surperformance à long terme. Sur les marchés des taux, Carmignac Gestion, qui détient plus de 33 milliards d'encours sous gestion, s'orientera davantage vers les obligations privées qui devraient encore surperformer les emprunts d'Etat en 2010. Carmignac se montre confiant dans les perspectives de reprise mondiale cette année, en notant que les pays émergents enregistreront les meilleures performances. En tête des pays développés, la croissance américaine sera davantage tirée par l'augmentation des gains de productivité, qui s'ajoutera à la baisse des salaires réels dans un contexte de faible inflation sous-jacente (hors éléments volatils), estime Carmignac. "On a eu ces gains de productivité qui ont permis de faire baisser massivement le coût unitaire de la main-d'oeuvre sans augmenter les prix et donc de gagner plus d'argent", a déclaré Frédéric Leroux, précisant qu'il n'y avait pas de raison de craindre de tensions inflationnistes outre-Atlantique ni en Europe dans les trimestres à venir. Le risque inflationniste prédomine en revanche pour les pays émergents, qui ont vu leurs taux d'inflation repartir à la hausse ces derniers mois. Si la Chine constate depuis quelques temps un retour de la hausse des prix, celle-ci pourrait s'accélérer de manière inquiétante, juge la société de gestion. "Les anticipations, notamment en observant les effets de base des derniers mois, nous invitent à penser que le taux d'inflation (en Chine) pourra très vite approcher 3-4%", a déclaré Frédéric Leroux. "On constate le redémarrage extrêmement fort du commerce international, et donc des échanges chinois avec notamment cette hausse des importations de 55% sur un an qui inquiète un peu les Chinois et tend à les convertir à une politique monétaire un peu moins laxiste", a-t-il ajouté, se disant tout de même confiant dans la capacité des autorités chinoises à gérer ce risque. Dans ce contexte de "reprise synchrone" des économies, Frédéric Leroux a souligné que "la charge de la dette des gouvernements commence à devenir un peu plus difficile à porter et surtout à financer".