Trente ans après sa présentation au Mouggar avec à l'époque la Sonia nationale comme unique comédienne, "Fatma " un monologue signé Benguettaf, l'actuel directeur du TNA et commissaire du Festival international du théâtre d'Alger, est présenté en version italienne à la faveur de ce rendez-vous théâtral. Après la version en langue Amazighe, " Fatma " qui semble avoir plusieurs " âmes " a été littéralement traduite en italien, sommairement montée par le metteur en scène, Marco Di Costanzo et vaguement interprétée par la comédienne, Virginia Viviano. "Le texte en italien est très fidèle à l'original, à part quelques retouches consistant en la suppression de quelques passages pour pouvoir réaliser le spectacle en un acte au lieu de deux", a révélé le metteur en scène italien, qui a été à l'origine de l'initiative de la traduction de la pièce de l'arabe vers l'italien. "Le travail a été concentré sur la préparation de la comédienne, en l'occurrence Virginia Viviano, qui a joué le rôle de Fatma, afin qu'elle arrive à entrer dans la peau du personnage", a ajouté Marco Di Costanzo à propos de cette pièce dont les décors et la musique ont été réduits au strict minimum pour, a-t-il expliqué, "créer une rencontre vivante entre la comédienne et le public". Selon lui, cette pièce qu'il a eu à voir en 2007 à la faveur de " Alger capitale de la culture arabe ", est une grande découverte. Marco Di Costanzo qui précise que la pièce a été montrée deux fois en Italie, une première fois à Florence et une deuxième en Sardaigne, dit avoir eu un immense plaisir à la monter. Fatma, un récit anecdotique Vers la fin des années 80, à l'époque où notre théâtre était à son apogée, Benguettaf signe, " Fatma ", un monologue anecdotique qui raconte les amertumes d'une femme face à sa destinée. Depuis son installation en 2004 à la tête du TNA, M'hamed Benguettaf ne semble avoir qu'une idée en tête : servir " Fatma " sous toutes les sauces. Il n'y a pas eu de 08 mars, ni de journée nationale du théâtre sans cette pièce qui a tourné plus de 100 fois dans nos salles à l'époque de sa mise en scène. "Fatma ", un récit anecdotique qui s'inspire de toutes ces femmes pleurnicheuses et recluses dans leur maquis domestique, aurait depuis le temps changé de main. Ce n'est plus la Sonia nationale qui est depuis passée à la mise en scène qui campe le premier rôle, mais ce sont de petites jeunes qui font encore leur apprentissage à l'ISMAS de Bordj El Kiffan, une institution réputée pour être très hérétique. Rarement, elle est sur scène, la Sonia qui est passée depuis déjà 2001 de l'autre coté du rideau en devenant avec, " Les Saltimbanques " ou " Le langage des mères", une metteur en scène à part entière. En 2007, à la faveur de "Alger capitale de la Culture arabe", la pièce de Benguettaf a été " élue " pour faire partie des œuvres qui allaient être traduites et mises en scène en langue amazighe. Il y a cinq ans, une autre version de Fatma cette fois-ci signée Sonia, a été présentée à l'occasion de la Fête internationale de la femme. La pièce n'avait pas beaucoup tourné dans les arènes du théâtre. Fatma est-ce une œuvre universelle, une œuvre repère dans le Théâtre national au point de décider à chaque " budget " de la remettre sur les planches ? C'est Hamida Aït El Hadj, l'ex-directrice de la Maison de la culture de la ville de Béjaïa à qui a signé cette version en langue amazighe." Le théâtre est le créneau qui se prête le mieux pour la promotion des langues, et tamazight est aujourd'hui une langue nationale qui nécessite d'être prise en charge" avait estimé le directeur du TNA. La pièce de Benguettaf, écrite en français et traduite vers l'arabe par le dramaturge même, a déjà été traduite dans plusieurs langues. Traduite en tamazight par Mohand Nath Yeghil, cette pièce semble encore avoir de longs jours sur les planches. Qu'à cela ne tienne, ce mimétisme traduit de façon absolument flagrante la déchéance d'un théâtre qu'on impute tantôt au manque de moyens, tantôt au manque de textes écrits, mais les vrais enjeux sont ailleurs.