M'hamed Benguettaf, directeur du Théâtre national algérien (TNA) et dramaturge est-il en manque d'inspiration ou est il simplement atteint comme tant d'autres du syndrome du passéisme? L'horloge du TNA semble s'être arrêtée à la fin des années 80 quand ce même dramaturge a écrit dans un tout autre contexte, celui de l'âge d'or du théâtre, sa pièce, " Fatma " jouée à l'époque par une fervente et jeune Sonia qui avait encore tant à apprendre. Trente ans après, le même Benguettaf qui ne produit plus d'œuvres qui font date, remet la même pièce sans cette fois-ci la Sonia passée depuis déjà quelques années derrière les bureaux de commandes. Depuis son installation en 2004 à la tête du TNA, M'hamed Benguettaf n'a qu'une idée en tête : Servir à la veille de la journée internationale de la femme, sa " Fatma", un vaudeville qui s'inspire de toutes ses femmes pleurnicheuses et recluses dans leur maquis domestique dans la violence de tout bord. La seule donne changée, c'est l'absence de Sonia en tant que personnage principale de ce monologue qui a fait le tour du pays avec plus d'une centaine de représentations à l'époque de sa sortie vers 85. Sonia ne monte plus sur nos planches. A quoi lui servira t-il de le faire, elle dont les ailes s'étaient déployées d'abord quand elle était directrice de l'INADC de Bordj El Kiffan, (Institut national d'art dramatique), ensuite quand elle a joué dans " Les mimosas " avec le français Damarcy et d'autres metteurs en scène de l'ex-métropole. Rarement, elle est sur scène, la Sonia qui est passée depuis déjà 2001 de l'autre coté du rideau en devenant avec, " Les Saltimbanques " ou " le langage des mères", une metteur en scène à part entière. Comme quoi tout peut arriver sur nos planches ! " Fatma " a encore "sévi" hier au théâtre nationale mais avec un personnage tout neuf qu'on a été cherché puisque nous sommes en plein dans l'époque des ANEM (Agence nationale de l'emploi) du coté de l'INADC. Çà permet à la comédienne de faire ses essais ou si vous préférez son stage pratique, sans peut être qu'elle ne soit rémunérée. En 2007, à la faveur de "Alger capitale de la Culture arabe", la pièce de Benguettaf a été " élue " pour faire partie des œuvres qui allaient être traduite et mise en scène en langue amazighe. Il y a quatre ans, une autre version de Fatma cette fois-ci signée Sonia, a été présentée à l'occasion de la Fête internationale de la femme. La pièce n'avait pas beaucoup tourné dans les arènes du théâtre.Fatma est-ce une œuvre universelle, une œuvre repère dans le Théâtre national au point de décider à chaque " budget " de la remettre sur les planches ? C'est Hamida Aït El Hadj, l'actuelle directrice de la Maison de la culture de la ville de Béjaïa à qui a signé cette version en langue amazighe." Le théâtre est le créneau qui se prête le mieux pour la promotion des langues, et tamazight est aujourd'hui une langue nationale qui nécessite d'être prise en charge" avait estimé le directeur du TNA. La pièce de Benguettaf, écrite en français et traduite vers l'arabe par le dramaturge même, a déjà été traduite dans plusieurs langues. Traduite en tamazight par Mohand Nath Yeghil, cette pièce semble encore avoir de longs jours sur les planches. Qu'à cela ne tienne, ce mimétisme traduit de façon absolument flagrante la déchéance d'un théâtre qu'on impute tantôt au manque de moyens, tantôt au manque de textes écrits, mais les vrais enjeux sont ailleurs. Yasmine Ben