Fatma. C'est une pièce qui a très bien marché dans les années 90, lorsque le théâtre avait son public et ses hommes. Signée M'hamed Benguettaf et interprétée par la vedette de l'époque, la Sonia nationale, cette pièce avait crevé les planches. Le dramaturge et actuel directeur du Théâtre national algérien, -M'hamed Benguettaf, vient de déterrer cette œuvre pour une version amazighe, dont la générale sera donnée, mardi prochain, au théâtre d'Illizi. Il y a trois ans, Sonia qui avait auparavant fait une centaine de représentations avec cette œuvre à l'intérieur du pays, l'avait montée à l'occasion du 08 Mars. La comédienne devenue par la suite directrice de l'Institut national des arts dramatiques de Bordj El Kiffan, avait ôté son costume d'actrice pour celui de metteur en scène. Sur la base du texte original de M'hamed Benguettaf, Sonia avait monté, Fatma, avec une jeune étudiante amatrice de l'école qu'elle dirigeait. Pour la version kabyle, le patron du TNA a confié la mise en scène à Hamida Aït El Hadj, actuelle directrice de la Maison de la culture de Béjaïa. Le metteur en scène avait, l'an dernier, signé à l'occasion de “ Alger capitale de la culture arabe 2007 ”, Le fleuve détourné, une pièce adaptée du roman éponyme de Rachid Mimouni. Fatma, un prénom à forte charge, rappelant la soumission, est l'attribut même de toutes les femmes qui n'ont pas fait d'études mais qui font les ménages pour vivre. Le prénom est populaire, mais Benguettaf lui a donné davantage de sens en le récréant au théâtre. Le 05 Juillet, jour anniversaire de l'Indépendance, Fatma, lave son linge. “C'est un jour férié pour elle qui bosse comme femme de ménage dans un ministère et à la mairie d'Alger, deux fonctions que beaucoup lui envient. Une fois par mois, la terrasse de son immeuble lui appartient pour étendre son linge”. De cet endroit d'où elle peut “ voir le ciel se confondre avec la mer”, et se sentir devenir “ la plus grande étoile ”, Fatma déballe ses mots avec beaucoup d'humour, elle, “ le loup blanc du quartier ”, “ la reine des femmes de ménage ”. Portée la première fois sur scène par Ziani Cherif Ayad, cette pièce fait partie du répertoire de l'une des premières compagnies du théâtre privé, Masrah el Qalaâ (Théâtre de la Citadelle), créée en 1989, par feu Azzedine Medjoubi, Sonia. ZC. Ayad, Benguettaf. Le texte a été régulièrement repris depuis et, notamment par Salima Kheloufi, une ancienne élève de l'école de la rue Blanche à Paris (m. en sc. Didier Moine), par Fadela Hachemaoui (m. en sc. Abdou Elaïdi), par la jeune Nesrine Belhadj (m. en sc. Sonia Mekkiou), fraîchement sortie de l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan et par la Sénégalaise Diaretou Keita (m. en sc. Adama Traoré, Mali). Après la région du Sud du pays, la version amazighe de Fatma, qui sera interprétée par la comédienne en herbe Razika Ferhane, sera présentée les 19, 20, 21 et 22 février au Théatre national algérien (TNA.).