L'Algérie est en train d'élaborer une nouvelle stratégie gouvernementale qui met l'accent sur l'importance des sources d'énergie renouvelables, afin de préparer le pays à ce que le président Abdelaziz Bouteflika appelle " l'ère post-pétrole ". Selon le bureau de consulting britannique Oxford Businesse Group, ces débats suivent de près l'annonce de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) du pays qui prévoie pour les prochaines années une hausse importante de la demande intérieure en électricité et en gaz. En effet, la consommation de gaz naturel devrait atteindre les 42 à 55 milliards de mètres cubes d'ici 2019 et celle de l'électricité 16 500 à 20 000 MW par année. Étant donné que l'Algérie ne produit actuellement que 6 à 8% de son électricité à partir de sources d'énergie renouvelables d'ici 2020, le gouvernement met en place des cadres réglementaires, lance de nouveaux programmes nationaux et élabore des mesures incitatives pour encourager les entreprises nationales et internationales à investir dans l'énergie renouvelable. Ces mesures comprennent " Horizon 2011 ", un programme financé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui vise à fournir de l'eau chauffée à l'énergie solaire à 5 500 maisons et " Al Sol ", un programme financé par le Fonds national pour la maîtrise de l'énergie (FNME), qui vise à équiper 1000 maisons et 1000 entreprises de chauffe-eau solaires. La Loi relative à l'électricité et à la distribution du gaz par canalisation de 2002 et la Loi sur les énergies renouvelables de 2004 ont ouvert la voie aux réformes à venir en permettant l'accès au réseau à tous les opérateurs et en ouvrant le marché de l'électricité aux énergies renouvelables. L'objectif actuel est d'augmenter la part de ces dernières à 30% d'ici 2030-2040. Pour le moment, la construction de trois centrales solaires (qui devraient produire 200 MW au total) est au centre des efforts déployés pour produire de l'électricité à partir de sources renouvelables. De plus, afin de réduire la consommation d'énergie, le gouvernement encourage l'usage des ampoules à basse consommation dans les ménages, fait la promotion des chauffe-eau solaires et élabore des plans pour des constructions à haut rendement énergétique. Les projets comprennent également une centrale électrique hybride à Hassi R'mel, actuellement en cours de construction par l'entreprise espagnole Abener et l'Algérienne Neal (New Energy Algeria). Cette centrale, que l'on avait prévu de terminer en août 2010, est alimentée au gaz et à l'énergie solaire et produira 150 MW d'électricité. Si l'Algérie se concentre sur l'énergie solaire dans ses efforts visant à augmenter la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables, le pays examine aussi d'autres solutions de rechange. Ainsi, le premier parc éolien, construit dans la province d'Adrar par la société française Vergnet, devrait être fonctionnel en 2012 et produira 10 MW d'électricité. Par ailleurs, le gouvernement investit également dans la recherche et le développement. Ainsi, un institut spécialisé dans les énergies renouvelables, l'Institut algérien des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IAEREE), doit ouvrir ses portes à Bellil, au sud de Hassi R'Mel. Étant donné que le développement des énergies renouvelables est très coûteux, il faut, pour le financer, parvenir à attirer des investissements étrangers. Or, l'établissement de partenariat n'est pas un exercice sans embûches. L'ancien ministre algérien de l'Energie et des Mines avait déclaré l'année dernière que le gouvernement ne voulait pas que les sociétés étrangères " exploitent l'énergie solaire " sur les terres algériennes et cette question va peut-être devenir un sujet politique sensible. En effet, bien que l'Algérie ait affirmé son engagement à développer les énergies renouvelables, le gouvernement semble déterminé à garder le contrôle sur la production dans le domaine. Ainsi, des articles dans la presse internationale ont récemment mis en lumière ses préoccupations présumées concernant la durée du projet et la souveraineté de l'Etat en ce qui concerne les unités de production. L'augmentation importante de la demande prévue dans les années à venir et le fait que les autorités soient disposées à investir dans les énergies renouvelables feront peut-être de l'Algérie un chef de file dans le développement des sources énergétiques autres que le pétrole. Cependant, l'Algérie est consciente des risques engendrés par la volatilité des prix du pétrole et la nécessité, par conséquent, de diversifier sa palette énergétique, et elle devra résoudre plusieurs problèmes difficiles avant de tirer profit des avantages offerts à long terme par les sources d'énergie renouvelables.