La diversité génétique des plantes actuellement cultivées et consommées est menacée de disparition, ce qui risque aussi de compromettre la sécurité alimentaire, a mis en garde hier l'Organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), dont le siège est à Rome. Dans un communiqué, la FAO a donc demandé que "des efforts extraordinaires soient déployés non seulement pour préserver la biodiversité (mise en danger par l'activité humaine et les changements climatiques) mais aussi pour l'utiliser plus particulièrement dans les pays en développement". C'est l'un des principaux messages du deuxième rapport de la FAO consacré à "L'Etat des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture dans le monde", le premier rapport ayant été publié en 1998. Les rédacteurs de ce texte de 350 pages couvrant notamment, les collections des banques de gènes et les effets du changement climatique sur la diversité végétale, relève que "la perte de biodiversité aura un impact majeur sur l'habileté du genre humain à se nourrir demain, lorsque l'humanité comptera 9 milliards en 2050 et que les plus pauvres du monde seront les plus touchés". Pour eux, les défis actuels s'appellent changement climatique et insécurité alimentaire croissante pour les systèmes agricoles du monde, qu'"on ne saurait relever sans la collection, la préservation et l'utilisation durable des ressources phytogénétiques". Ils plaident à cet égard, pour le développement de nouvelles variétés de plantes à croissance rapide, à haut rendement, résistantes à la chaleur, à la salinité, aux maladies et aux ravageurs, qui "seront nécessaires" pour lutter contre l'insécurité alimentaire dans un monde confronté au changement climatique. Ainsi, selon le rapport, 50% de l'accroissement des rendements des cultures au cours des dernières années résulte de l'introduction de nouvelles variétés de semences. Le texte qui affiche des inquiétudes quant à "l'extinction continue" de la biodiversité des cultures et au "grignotage" des cultures vivrières traditionnelles qui ont survécu au siècle dernier, estime que 75 % de la diversité des cultures "a été perdue entre 1900 et 2000", relevant cependant, "une prise de conscience accrue" de l'importance de protéger et d'utiliser la diversité génétique des cultures vivrières, au cours de ces 12 dernières années. "Le nombre comme la taille des banques de gènes ont augmenté", constatent les auteurs du texte, qui en ont comptent actuellement, quelque 1 750 à travers le monde, dont environ 130 détiennent chacune plus de 10 000 entrées. Ils précisent que sur les 7,4 millions d'échantillons conservés dans le monde, les banques de gènes nationales conservent environ 6,6 millions, dont 45% dans seulement sept pays, contre douze en 1996. "Cette concentration croissante de diversité génétique collectée et préservée dans un nombre décroissant de pays et de centres de recherche met en évidence l'importance des mécanismes visant à assurer un accès facile, notamment le mécanisme du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture", indiquent ces experts, rappelant que ce traité, ratifié par 125 pays, établit un cadre pour compenser les agriculteurs pauvres qui ont préservé différentes variétés génétiques de cultures. Le rapport s'inquiète également de la faiblesse des investissements dans l'agriculture depuis 1980, qui "a inévitablement débouché sur une pénurie d'experts agronomes qualifiés", avant de faire état de "grands progrès" accomplis en biologie et en technique de l'information au cours des douze dernières années. Aussi, relève le texte, les avantages qui en découlent devraient-ils "être étendus" à l'amélioration de l'utilisation de la biodiversité agricole pour renforcer la sécurité alimentaire. Si les experts de la FAO relèvent la rentabilité suffisante des semences dans le monde développé, dicté par l'intérêt commercial, il n'en est pas de même dans les pays pauvres où le secteur public a du mal à assurer de bonnes graines pour tous les agriculteurs et l'accès aux nouvelles variétés, déplorent-ils. "Une utilisation plus large et meilleure des ressources génétiques et de la biodiversité des cultures vivrières stimulera la conservation", préconise le rapport, estimant que "des systèmes adéquats doivent être mis en place pour rendre de nouvelles variétés accessibles aux agriculteurs".