Le Fonds monétaire international a estimé dans une note aux pays du G20 publiée jeudi, et datée du 21 octobre, que le dollar était "fort par rapport à ses fondamentaux", tandis que l'euro, le yen et la livre britannique étaient à leur juste valeur. " Les taux de changes réels effectifs du Japon, de la zone euro et du Royaume-Uni apparaissent tous globalement conformes à leurs fondamentaux de moyen terme, tandis que le dollar américain est plutôt fort par rapport à ses fondamentaux", c'est-à-dire la situation économique du pays, a indiqué le FMI dans cette note. Cette phrase signifie que le Fonds, au vu des taux de changes de ces quatre monnaies qui sont les plus échangées sur les marchés mondiaux, a estimé qu'une baisse du dollar se justifierait par rapport aux trois autres. La note de conjoncture du FMI a servi de document de travail à la réunion des ministres des Finances et banquiers centraux des pays riches et émergents du G20 en Corée du Sud les 22 et 23 octobre. Depuis cette date, le dollar a été relativement stable. Le billet vert avait nettement baissé entre la mi-septembre et la mi-octobre, sous l'effet notamment de l'annonce par la banque centrale américaine d'une éventuelle injection de liquidités dans le système financier, qui aboutirait à une création de monnaie. Le sujet des taux de change a été au centre de cette réunion en Corée, les membres du G20 s'accusant mutuellement de vouloir faire baisser le cours de leur monnaie ou de demander indûment la hausse des autres devises. Dans sa note, le FMI a fait état de ces frictions. "Les différences considérables entre pays dans la flexibilité de fait du taux de change, et la possibilité limitée de réagir par la politique économique dans les pays recevant de grandes entrées de capitaux, provoquent une certaine tension au sein du G20", a-t-il expliqué. Par ailleurs, a-t-il ajouté, "si les économies développées ont de manière générale évité d'intervenir sur les marchés des changes, certains sont intervenus plus récemment pour limiter des appréciations rapides, contribuant à la tension sur cette question". Il faisait référence à la tentative du Japon, le 15 septembre, pour faire baisser le yen.Notons que les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont exhorté les grands pays dans le monde à 'éviter' une guerre des monnaies dans le but de 'gagner des avantages compétitifs à court terme', dans un texte adopté hier à l'issue d'une réunion de deux jours à Bruxelles, en vue du prochain sommet du G20 de Séoul. L'inquiétude grandit au niveau mondial face à l'atmosphère de 'guerre des changes' entre grandes puissances pour affaiblir leurs devises respectives afin d'exporter davantage et de mieux résister à la crise économique. Plusieurs pays d'Asie, comme le Japon ou la Chine, sont accusés d'empêcher leurs monnaies de trop s'apprécier, voire d'encourager leur repli, afin de doper leurs exportations et leur croissance économique. L'Union européenne souligne notamment 'la nécessité d'éviter toutes les formes de protectionnisme et [...] les mouvements de taux de change'. Cette situation fait craindre une course à ce que les économistes appellent les dévaluations compétitives, comme au début des années 1930 lorsque la Grande-Bretagne avait enclenché un tel mouvement au niveau mondial, accélérant alors la crise. Le sommet des dirigeants du G20 de Séoul risque d'être dominé par ces questions de taux de change et notamment la valeur du yuan, alors que les déséquilibres des monnaies menacent la reprise mondiale.