A peine ouvert à 10h pile ce week-end que le 15ème salon international du livre d'Alger (du 26 au 06 novembre) qui se tient sous les chapiteaux du complexe olympique Mohamed Boudiaf a été prit d'assaut par un essaim de gens qui s'étaient déplacés à pied en bus ou en voiture. "Je veux voir ce qu'il y a. Je pense acheter quelques ouvrages de littérature générale" dit une étudiante en bibliothéconomie. "C'est pou voir " lance une lycéenne qui semblait ne pas être trop sûre de ce qu'elle allait dégoter. Au moment où les agents de sécurité avaient enlevé leur cordon en donnant le feu vert aux femmes pour accéder les premières à l'esplanade, une maman tenant son fils se précipitait vers un chapiteau tout blanc. "J'ai envie de lui acheter quelques livres scolaires. Je crois qu'ici c'est pas trop cher et il y a de tout !" pensait-elle. A l'intérieur, les stands ne sont pas logés à la même enseigne ; les mastodontes de l'édition algérienne comme Casbah, Chihab ou Alpha -une maison qui grandit de manière fulgurante, elle a racheté récemment Sedia, une filiale de Hachette Livre- l'opulence est visible par le nombres de livres neufs ainsi que par l'emplacement de leur stand près des regards, de la grandeur de leur espace et de son ornement très design. Forcément, il y a du monde par là. Pas loin, on retrouve Sedia avec pratiquement aucune nouveauté sauf et là encore le livre est daté, "La mémoire de la chair", d'Ahlem Mostaghanemi, un roman récompensé par le prestigieux prix Naguib-Mahfouz, et adapté par le réalisateur syrien, Najdat Ismaïl Anzour, en feuilleton pour la télévision. Un feulleton diffusé le ramadhan dernier simultanément sur nos chaînes clonées et aussi sur Abu Dhabi TV, le canal qui l'a produit. Aux côtés de ce roman relativement neuf, Sedia proposait d'autres essais servis l'an dernier comme " Tous ruinés dans 10 ans ?, de Jacques Attali ou " Dis- moi Bonjour " de l'invité vedette du salon, Azzouz Beggag ex- haut responsable de l'émigration en France. Chihab proposait de son côté trois essais et deux recueils de nouvelles. Le premier est un ouvrage collectif portant sur le thème du scandale, et signé Kamel Daoud, YB, Aziz Chouaki, Wahiba Khiari Mina Khiari, Chawki Amari, Rachid Mokhtar et Ali Bécheur. Scandale(s) est l'intitulé de ce recueil qui a inspiré huit auteurs. Alpha expose de façon ostentatoire un roman qui a raflé le prix Apulée 2008, "Les grandes Boulimies " de Halim Azzouz (350DA) et aussi le nouveau Hamid Grine, "Un parfum d'absinthe." (600 DA). Les travées du salon qui ont gagné quelques centimètres par rapport à l'an dernier -(ils font 5m2), nous rencontrons deux étudiants en science islamique, ils sortaient du stand de l'Arabie Saoudite les mains chargées d'un livre chacun. Les yeux rieurs, ils venaient d'être récipiendaire d'un dictionnaire du Coran en version anglais-arabe gratuitement. Stand vedette A l'intérieur, on continuait à distribuer l'ouvrage, mais sans tapage aucun, il n'y avait pas de monde. Le stand qui semble comme chaque année être le centre du SILA est incontestablement celui de Gallimard. Une flopée de littérature, d'étude, de volumes philosophiques, d'essai sont rangés de façon pathétique. Le stand est toujours pris d'assaut malgré la cherté exubérante des livres; Un roman de Céline signé autour des années 40 coûte à peu près 1000 DA. A la caisse, il faut faire la chaîne. "Les gens achètent pour au minimum 15.000 DA de livres." dit un quinquagénaire qui s'est déplacé de Tizi Ouzou à la recherche d'ouvrages sur la civilisation andalouse. Le parascolaire, les livres de cuisine et surtout le religieux intéressent beaucoup le public. Les enfants sont nombreux au salon du livre, ils ne s'ennuient pas devant tant de couleurs, ce petit jardin où est installé un toboggan à côté de gargotes spécial chawarma, infect. Contrairement aux années précédentes, les stands spécialisés dans le livre religieux sont plus discrets, il faut s'arrêter pour les découvrir, leurs mégaphones qui autrefois diffusaient inlassablement des chants religieux sont éteints. La suisse, est l'invité d'honneur, beaucoup de noms étrangers sont là à l'image de la star, Patrik Poivre d'Arvor, de Benjamin Strora, du prix Nobel de littérature 2006. Ce qui étonne aussi, c'est l'inexistance d'un live vedette, les gens achètent sans à priori