Nombreux sont les cultivars locaux et les variétés de nos terroirs qui se raréfient et disparaissent d'année en année. Selon un récent rapport publié par le cabinet de consulting Gredaal, les plantes traditionnelles ont tendance à évoluer en marge de l'économie marchande si préjudiciable à leur existence en tant que patrimoine biologique et culturel de l'Algérie. Ce rapport estime donc que la transmission du savoir-faire ancestral afférent à ces plantes, en matière d'inventaire des potentialités, de conservation et de leur utilisation n'est plus l'apanage d'une oralité devenue désuète, même l'apprentissage parental des plantes vénéneuses et mortelles n'est plus de cours. Cet appauvrissement culturel a conduit à l'anéantissement d'un héritage biocénotique avec toutes les conséquences en termes de perte de l'identité de beaucoup de nos terroirs. Gredaal donne ainsi, l'exemple de la bruyère qui est très fréquente dans le Nord-Est algérien. Elle est utilisée pour la fabrication de pipes. Les populations rurales de la région l'exploitent pour la fournir à une petite usine de la région. La Passerine (Thymelaea), utilisée pour la fabrication des sacs en jute, pousse à l'état spontané dans les régions marginales. Dans les régions steppiques et sahariennes le Terfes (Terfezia sp.), appelé aussi truffe du désert ou truffes des sables, fait l'objet depuis le début de l'an 2000 d'un commerce sporadique en Algérie. Ce champignon peut être mieux valorisé compte tenu de son prix élevé et de l'existence d'une demande vigoureuse qui lui assure des débouchés certains aussi bien en Algérie que sur les marchés extérieurs. El Gharnina (Scolymus hispanicus), Khourchef h'rab (Cynaria carduncellus), Soulgh (Beta maritima), les fleurs d'Oranger amer (Citus aurantium), le Carvi (Carum carvi), l'Anis vert (Pimpinella anisum) sont relativement assez cultivées et font l'objet d'une large consommation. Le Juniperus oxycedrus est utilisé pour l'extraction de l'huile de cade. Cette huile est utilisée pour des soins particuliers et pour améliorer l'odeur de l'eau conservée dans des ustensiles artisanaux (peau de chèvre, brou d'alfa...). Le Lentisque (Pistacia lentiscus) est utilisé pour l'extraction d'une huile très recherchée. Il est parmi l'une des espèces les plus abondantes et les plus fréquentes au niveau des maquis et des formations forestières dégradées de l'Est. Le Ricin (Ricinus communis) pousse en abondance sur tous les terrains alors que l'Algérie importe de l'huile de ricin à un prix fort. L'huile d'Arganier (Argania spinosa) est présente dans le Sud-Ouest et son utilisation est très limitée. Cette espèce peut constituer un excellent moyen de mise en place d'une agriculture durable dans les régions du sud du pays. Aneth (Anethum graveolens), Armoise blanche ou "Chih" (Artemesia herba alba), Romarin ou "Klil" (Rosmarinus officinalis), Rue ou " Fidjel " (Ruta montana), Sauge sclarée (Salvia sclarea), Thym (Thymus algeriensis), Myrte ou " Rihane " (Myrthus communis), Origan ou " Zaatar " (Origanum glandulosum) sont autant d'espèces végétales importantes faisant l'objet d'une collecte intensive à des fins culinaires et médicinales. Les populations des régions rurales et même au niveau urbain ont toujours utilisé les plantes médicinales pour le traiteùent de certaines pathologies. Plusieurs plantes spontanées font l'objet d'utilisation et d'attention dans les prélèvements, notamment Chardon Marie (Silybum marianum), Aubépine (Crataegus sp.), Colchique d'automne (Colchique automnale), Ammi (Ammi majus et A.visnaga), Myrte (Myrtus communis), Stramoine (Datura starmonium), Jusquiam noire (Hyoscyamus sp.), Belladone (Atropa beladona), Scille rouge (Scilla maritima ou Urginea maritima), Asphodèle (Asphodelus microcarpus), Harmel (Peganum harmala), Coloquinte (Colocynthis vulgaris). La distillation des plantes est suffisamment connue mais elle reste peu exploitée, en dépit de la disponibilité dans le pays de vastes étendues de forêts et de champs. L'emploi des produits fabriqués dans les distilleries peut se faire par trois méthodes: par voie respiratoire (inhalation et diffuseurs) ou par ingestion, sur prescription d'un aromathérapeute qualifié, ou encore par le contact direct sur la peau à travers les massages et les sels de bain.