A la faveur du Salon international du livre d'Alger (SILA) qui s'est clôturé samedi après 10 jours d'intenses activités éditoriales, il y avait plein de conférences, de tables rondes, mais certaines sont sorties du lot.Il en est ainsi oeuvre de l'écrivain portuoegais José de Sousa. Saramago, prix Nobel 1998, l'ibère qui voulait se réapproprier sa "berbérité", a intéressé plus d'un. Le sujet, touche, il nous concerne.Devant un parterre de personnes, Carlos Reis, recteur de l'université d'Aberta (portugal) et membre de la fondation José Saramago, a évoqué le parcours de l'écrivain et de l'intellectuel "rebelle", récemment disparu. Plus que le style d'écriture, c'est surtout la démarche de l'écrivain dans la construction romanesque qui vaudra à Saramago une reconnaissance internationale avant de lui ouvrir les portes du Nobel de littérature, dira l'orateur qui expliquera que l'ensemble de l'oeuvre de l'écrivain est marquée par ce "mélange qui mêle histoire (celle du Portugal), fable et critique acerbe de l'ordre politique, voire social". Depuis "Le Dieu manchot", roman publié en 1982 et qui le fera connaître en dehors du Portugal, jusqu'à "Caien" (2009) en passant par "L'aveuglement" ou encore "Le voyage de l'éléphant", Saramago n'aura de cesse de fustiger, tour à tour l'ordre religieux, le libéralisme économique, comme d'ailleurs la morale sociale et l'hypocrisie des individus, dira l'universitaire. Les textes bibliques qu'il a revisités à sa manière dans "Caien" ou "L'Evangile, selon Jésus-Christ", par exemple, lui vaudront les critiques de l'Eglise, mais aussi du gouvernement portugais. Censuré par ce dernier, accusé par les religieux de "porter atteinte au patrimoine religieux des Portugais", l'auteur quitte le Portugal en 1998 et se réfugie aux Iles Canaries. C'est sans doute à partir de cette période que Saramago fera montre d'une certaine fierté à mettre en avant une lointaine origine berbère. En recevant le prix Nobel de littérature, dira l'universitaire, Saramago avait choisi de mettre à l'honneur son grand-père en déclarant qu'il était "l'homme le plus sage que je connaisse", ajoutant que "cet homme qui ne savait ni lire, ni écrire avait des ancêtres berbères venus d'Afrique du Nord". Ces positions de principes mettront souvent l'écrivain en désaccord avec les intellectuels portugais, mais jusqu'au bout, conclura l'orateur qui a côtoyé l'écrivain, cet homme "est resté fidèle à ses idées". Premier auteur de langue portugaise Nobelisé, Saramago a laissé une trentaine d'oeuvres entre romans, recueil de poèmes et pièces d'opéra.