Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université, Expert International En fait, la réussite de ce processus complexe est conditionné par une nette volonté politique de libéralisation afin de déterminer qui a le pouvoir de demander l'engagement d'une opération de privatisation ; de préparer la transaction ; d'organiser la sélection de l'acquéreur ; d'autoriser la conclusion de l'opération ; de signer les accords pertinents et de mettre en œuvre les accords et s'assurer de leur bonne exécution. Afin de lever les contraintes, je recense plusieurs facteurs de réussite :nécessité de la définition de l'entité à privatiser , posant la problématique des filialisations opérées devant éviter la logique administrative (primat de l 'offre)alors que c'est la logique du marché qui est le guide directeur ; la délimitation précise de la propriété réelle , posant le problème des titres de propriété, existant des différences entre la valeur inscrite dans le bilan et la superficie accaparée par l'entreprise, induisant en erreur certains acheteurs plus intéressés par la valeur du terrain surtout dans les grandes agglomérations que par la valeur réelle des actifs de l'entreprise ; la résolution de l'endettement tant externe qu'interne face aux fluctuations monétaires et des taux d'intérêts et la spécification de l'organisme chargé du suivi de la partie rééchelonnable lorsqu' existe des dettes tant au niveau intérieur qu'extérieur, pour ce dernier cas posant la problématique des fluctuations du taux de change , le repreneur remboursant en dinars; la préparation de l'entreprise à la privatisation c'est-à-dire l'intégration de la dimension du dialogue social et politique ; la privatisation est un processus politique géré par le Gouvernement et s'agissant d'un programme politique il importe que celui ci soit soutenu non seulement par les groupes directement affectés mais également par la population en général. D'où l'importance de la transparence la plus totale de cette opération complexe et délicate, la cohérence dans sa démarche par une communication active et enfin le pragmatisme tenant compte tant des expériences historiques que de la réalité sociale algérienne ; l'allégement des long circuits bureaucratiques du fait du nombre importants d'organes prévus alors que le temps c'est de l'argent afin d'éviter le dépérissement des actifs entre le moment de la décision de privatiser et l'acte final de transfert de propriété. Ilya lieu donc lieu de tenir compte de ces facteurs déterminants, la privatisation n'étant pas une technique neutre mais ayant des incidences économiques, sociales et politiques, car déplaçant des segments de pouvoir. Les gagnants de demain ne sont pas forcément ceux d'aujourd'hui d'où des résistances naturelles des forces sociales rentières. Comme il y a lieu d'être attentif à la concurrence internationale, existant un marché mondial de la privatisation et il est utopique et incorrect de parler de privatisation partielle et totale en donnant naissance à des structures administratives qui se télescopent ce qui entretient la confusion, comme dans les années passées. La règle d'or est d'éviter d'attribuer à différents organes des compétences concurrentes sous peine de voir adopter des politiques ou approches contradictoires, où de se trouver face à d'interminables marchandages bureaucratiques ou luttes de pouvoir, qui porteraient préjudice à la crédibilité d programme de privatisation. 3.- Conclusion : l'Algérie doit s'adapter aux mutations mondiales L'économie algérienne face aux nouvelles contraintes tant internationales qu'internes a-t- elle la possibilité de modifier le régime de croissance pour atteindre un double objectif, aujourd'hui apparemment contradictoire : d'une part, créer les emplois nécessaires productifs, d'autre part, améliorer la compétitivité internationale. C'est que la structure productive actuelle rend la croissance volatile et soumise aux chocs externes, la ressource financière, l'importance des réserves de change n'étant pas synonyme de développement. La position extérieure de l'Algérie reste donc dominée par la faiblesse inhérente à sa spécialisation dans les hydrocarbures, n'ayant pas de prise sur ses propres comptes extérieurs, qui ne dépendent que des cours du pétrole/gaz et du taux de change du dollar, le PIB par habitant évoluant de manière chaotique. Disposant d'une richesse naturelle éphémère, celle-ci étant amenée à s'épuiser, l'Algérie doit à la fois préserver cette ressource pour les générations futures et progressivement trouver des sources de revenus différente. Il s'ensuit que les niveaux de croissance reposant sur des filières à forte valeur ajoutée nécessaires pour entraîner une amélioration significative de la situation, estimés à 7/8% par an jusqu'en 2015/2020, semblent difficiles à atteindre à court terme en raison du retard dans la réforme globale. C'est qu'au cours de son histoire moderne, entre 1963/2010, l' Algérie a connu nombre de transformations et de changements structurels fondamentaux, du socialisme spécifique (1965/1979), puis à une phase d'économie de marché spécifique, (19802007) puis depuis 2008/2009 à une volonté de retourner au tout Etat gestionnaire en restreignant les libertés économiques, l'Etat voulant tout régenter, limiter l'autonomie des entreprises publiques, nommer, soumette le secteur privé local à sa propre logique et limiter le secteur privé international avec une vision bureaucratique (juridisme) de peu d'efficacité. Or, l'objectif stratégique pour relancer la machine économique passe par un management rénové, plus de libertés pour les opérateurs publics et privés locaux et pour les étrangers encourager tout investissement devant reposer sur une balance devises positive, un apport managérial et technologique et non limiter l'investissement étranger à partir de critères juridiques peu efficaces. Cela implique de dépasser la logique rentière actuelle, qui entretient des relations dialectiques avec la sphère informelle contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation avec des institutions et une intermédiation financière informelle, à partir d'une autre gouvernance consistant à démocratiser la décision économique et politique. C'est dans cette optique, qu'il s'agit d'avoir une vision d'ensemble que je qualifierai de stratégie d'adaptation puisque que l'on ne peut pas parler scientifiquement de stratégie au sens strict pour un pays dont la majeure partie de la consommation tant intermédiaire que finale, est importée.et qui reste tributaire d'une seule ressource les hydrocarbures dont la fixation des cours lui échappe. C'est que nous avons deux scénarios horizon 2010/2030, c'est dire demain, avec une population qui approchera 45/50 millions d'habitants presque sans hydrocarbures déflagration sociale ou développement et quel sera le poids de l'Algérie dans les relations internationales ? Pour cela, la valorisation du savoir et toujours la valorisation du savoir, et un bon management stratégique seront déterminants, tributaires d'un certain nombre de réformes politiques, sociales et économiques solidaires. La pleine réussite implique un contrat social entre le pouvoir d'une part et les différentes sensibilités sans exclusive de la société d'autre part afin de s'adapter aux mutations mondiales comme les pays émergents. Aussi, je souligne l'importance d'un débat national ouvert à toutes les sensibilités sans exclusive, sur l'avenir de l'économie algérienne où des questions fondamentales doivent être traitées dans la plus grande transparence notamment -la gestion de la rente de Sonatrach, la gestion des réserves de change et la quantification de l'impact de la dépense publique. L'objectif est de réaliser un consensus national minimal entre les différentes forces sociales ce qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société. Méditons cette phrase pleine de sagesse du grand philosophe Aristote : " le doute est le commencement de la sagesse ".