Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université, Expert International Cette situation, ajoutée au niveau élevé des coûts de transaction liés à l'obligation de vigilance, amène les banques commerciales à continuer de privilégier les prêts aux marges, les entreprises bien établies. Comme d'ailleurs, il faudrait songer à impulser le marché de la finance islamique dont récemment les USA et la France viennent de lui accorder une importance stratégique, ayant bien résisté à la crise mondiale ayant atteint au niveau mondial les 1000 milliards de dollars dès 2010 et étant appelé à croitre. D''ailleurs certains savants musulmans ont pu émettre l'idée du cycle de d'investissement concernant la durée de détention d'un titre de société intervenant par exemple dans le domaine agricole qui correspond au temps nécessaire pour semer, récolter et commercialiser, la décision de vente du titre étant alors justifiée par une véritable stratégie d'investissement mesurée par le retour sur investissement post cycle de récolte . L'objectif de la réforme du système financier afin de dynamiser les secteurs à valeur ajoutée et donc la condition d'accompagnement de la politique industrielle, afin de promouvoir l'investissement dans des actifs tangibles, les investissements devant être adossés à des actifs réels, le banquier ne devant pas être seulement prêteur mais co-investisseur et partenaire du projet financé, ses revenus correspondant à une quote-part des résultats issus du projet financé, permettent d'atténuer le risque selon le principe des 3P (Partage des Pertes et Profits). 2- Une stratégie claire de la privatisation comme facteur de développement Il ne s'agit pas d'avoir une vision négativiste vis à vis des entreprises publiques qui évoluent dans un environnement concurrentiel (voir les travaux d'A. Mebtoul sur l'Algérie et de D. Labaronne sur les pays de l'Est en transition). Mais force est de reconnaitre que le grand problème en Algérie reste le secteur industriel notamment public. Ce n'est pas une question de finances qui empêche son évolution du fait que le budget algérien lui a consacré plus de 40 milliards de dollars entre 1991/2009 avec des résultats mitigés, une fraction des entreprises publiques produisant, en effet, en permanence des déficits entraînant dans leur sillage les banques qui restent malades de leurs clients ayant nécessité plusieurs milliards de dollars de recapitalisation des L'absence de discipline imposée aux entreprises publiques par la concurrence dans le cadre de marchés ouverts a engendré des effets graves : niveau artificiel des prix dictés par l'administration ; excédents d'effectifs: les employés n'étant pas rémunérés en fonction de leur performance, cela induit le désintéressement, la mauvaise qualité et la faiblesse de la productivité du travail et de compétitivité : dès lors se pose un problème important: doit-on maintenir sous perfusion ces unités en alimentant l'inflation ou les fermer entraînant un chômage croissant? Il ya lieu de ne pas confondre démonopolisation avec la privatisation qui à la lumière des expériences historiques peut être définie soit comme un transfert partiel, ou total vers la propriété privée, ou un transfert du management et comme restructuration globale de l'économie évitant la vision micro-statique de restructuration industrielle pouvant toucher certes l'industrie mais également, l'agriculture, les banques, les services et certains segments dits biens publics où est introduit la mixité. Elle est complémentaire à la démonopolisation qui impulse des segments nouveaux des secteurs privés réduisant ainsi dans le temps la part du secteur public. La question qui se pose est la suivante : la privatisation s'assimilerait t -elle à un simple transfert de propriété ou n'est -elle pas l'instrument privilégié de la restructuration de l'outil de production permettant l'accroissement de la valeur ajoutée interne dans le cadre d'une libéralisation maîtrisée ? Comme toute comparaison doit être replacée dans son contexte historique évitons de comparer la mixité algérienne avec une mixité de l'économie occidentale qui est dominée par le mode de gestion privée dans un environnement concurrentiel, l'Algérie souffrant du monopole bureaucratique. Il s'agit pour rendre opérationnel ce processus complexe éminemment, politique d'avoir une vision systémique inséparable de la politique socio-économique d'ensemble. C'est dans ce contexte que la réussite de ce processus complexe implique de tenir compte tant de l'environnement national qu'international. Sur le plan interne, l'on peut invoquer trois facteurs fondamentaux afin de dynamiser ce processus. Premièrement, les relations entre la privatisation et le système fiscal. La fiscalité applicable aux revenus de l'épargne investie en actions et en obligations est un critère essentiel pour tout investisseur national ou étranger. Ceci vise la fiscalité des dividendes et des revenus d'obligation, le régime fiscal applicable aux plus et moins values sur cessions de titres, le taux d'une éventuelle retenue à la source sur les revenus des actions et obligations. Deuxièmement la relation entre la privatisation et le système douanier. Tout pays à pour souci constant de préserver et protéger sa production nationale tout en laissant la libre concurrence se développer. Le problème peut résider dans le degré de loyauté d'une telle concurrence. Dans ce cadre le système douanier joue un rôle central à travers les droits de douane applicables à telle ou telle importation. L'exemple le plus typique est celui où les taxes douanières applicables à un produit fini sont plus faibles que celles frappant les contrats composant ce produit fini. La fluidité du système douanier est un facteur déterminant dans la prise de décision d'un investisseur et cela est lié à une bonne gestion des aéroports et ports. La mauvaise gestion des ports algériens génère des surcoûts considérables qui se répercutent sur le Trésor public et les consommateurs. En 2009, selon les statistiques douanières, l'Algérie a payé aux partenaires étrangers 750 millions de dollars de surestaries sous forme de remboursements des coûts supplémentaires sur les bateaux qui restent en rade au niveau des ports algériens. Troisièmement, les relations entre la privatisation et les investissements nouveaux. C'est que dans une économie de marché véritable, il n'existe pas de code d'investissement, le marché étant l'élément de régulation à travers la bourse des valeurs. Cependant dans les économies en transition un code des investissements favorable tant aux investisseurs nationaux qu'étrangers existe afin de rendre le pays attractif à ces investisseurs et de leur assurer une stabilité dans le temps des avantages, notamment fiscaux, qui peuvent être à l'origine de leur décision d'investissement dans ce pays. Ce code des investissements doit être connecté avec la législation et les règles régissant le processus de privatisation. Faute d'une telle connexion, tout investisseur mettra en concurrence les avantages liés au code des investissements s'il réalise un projet neuf comparativement à l'acquisition d'un investissement de même nature à travers le processus de privatisation. Dans la plupart des pays qui ont engagé avec succès la privatisation, il y a eu décote d'environ 20 % par rapport à la valeur déterminée, (en comparaison à des projets neufs) pour attirer les investisseurs nationaux, internationaux.