Le président du comité interprofessionnel du lait a pointé du doigt les détournements constatés ces derniers mois de la poudre de lait destinée principalement à la fabrication du lait en sachet. Pour lui, les quantités de poudre de lait importées suscitent des "convoitises car le prix est soutenu par l'Etat à hauteur de 15 dinars contre 10 en 2009". A travers cette déclaration faite hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Mahmoud Benchakour a tenu à démontrer que les perturbations que connaît le marché ne résultent pas du manque de la matière première. Chiffres à l'appui, il affirme que les quantités de poudre de lait importées ont augmenté, passant de "121.000 tonnes en 2009 à 135.000 tonnes cette année". Mais au-delà de ce constat établi par le responsable du comité, il y a cette pénurie de lait en sachet qui devient récurrente. Le ministère de l'Agriculture s'emploie à trouver les solutions adéquates, et au terme de la réunion qui l'a regroupé avec les acteurs de la filière, mardi, la tutelle a tracé une "feuille de route", a déclaré le président du comité. Il s'agit, selon lui, d'un train de mesures à mettre en application à partir du 1er janvier prochain. Parmi les nouvelles dispositions, Mahmoud Benchakour a cité la mise en place d'une "nouvelle répartition géographique de la poudre de lait en vue de responsabiliser les unités de fabrication". Autrement dit, il annonce que les unités seront "approvisionnées selon les besoins de chaque région en quantités suffisantes mais si une pénurie refait surface, la responsabilité incombe dans ce cas aux unités". A ce propos, il n'exclut pas la disparition de quelques-unes d'elles en 2011 pour ne laisser que les "plus performantes et professionnelles". Le président du comité interprofessionnel parle ainsi de la nécessité de "moraliser la filière". L'autre disposition contenue dans le document du ministère est directement liée au développement de la collecte de lait cru qui dépasse "400 millions de litres mais reste en deçà des capacités de la filière". Mahmoud Benchakour a fait savoir que le ministère a introduit une obligation aux unités de collecter le lait cru si elles veulent recevoir leurs quotas en poudre de lait. Il faut dire que les efforts consentis par l'Etat dans ce domaine, comme l'encouragement de l'importation de vaches laitières (20.000 sont importées en 2010), n'ont toujours pas donné les résultats escomptés du fait que des éleveurs ne trouvent pas preneurs pour leur lait cru et sont même contraints à le jeter, déplore le président du comité. Mahmoud Benchakour a précisé par ailleurs que les prix de la poudre de lait vont encore augmenter sur le marché international et ce produit se raréfiera davantage durant les prochaines années. Pour lui, c'est un "point positif car il incitera les acteurs de la filière à redoubler d'efforts dans la production du lait cru".